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Voyage à Tôno : le refuge où vivent les légendaires créatures « yôkai »
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« Le berceau du Japon »
La ville de Tôno est d’une richesse naturelle exceptionnelle, dans la plus grande plaine des hauteurs de Kitakami. Entouré de montagnes escarpées, son isolement lui a permis de préserver un style de vie traditionnel et une croyance profonde dans le folklore populaire. C’est pour cette raison que la région est souvent appelée « le berceau du Japon », ou « le paysage originel japonais ». De nombreux contes et légendes spécifiques à la région s’y transmettent encore. Le folkloriste Yanagita Kunio les a recueillis au début du XXe siècle dans un livre intitulé « Contes de Tôno » (Tôno monogatari, 1910) qui est devenu la pierre angulaire des études folkloriques japonaises. C’est dans cette œuvre que les yôkai les plus célèbres comme les kappa et les zashiki-warashi, aujourd’hui très communs dans les mangas, les romans ou les films d’animations japonais, apparaissent sous leur forme canonique. (Voir notre article : Les « yôkai » : faire la lumière sur l’histoire des créatures imaginaires et terrifiantes du Japon)
De nos jours, Tôno est aussi une destination touristique, justement parce qu’il y est encore possible de toucher du doigt la réalité de ces contes traditionnels.
Au Musée des Contes de Tôno, découvrez l’univers du folklore
Pourquoi ne pas commencer votre voyage au Musée des Contes de Tôno, pour développer son imaginaire au contact de l’univers du folklore local. Le musée est situé à peine cinq minutes à pied de la gare de Tôno, dans l’ancien entrepôt d’un fabricant de saké, réaménagé en « entrepôt des contes et légendes ». Les plus célèbres d’entre eux, comme la femme des neiges (yuki onna), ou encore les histoires les plus populaires de la région y sont présentés en papier découpé, en dessins et en vidéo.
À l’intérieur du musée, vous ne manquerez pas d’être surpris par divers dispositifs qui peuvent provoquer des petites frayeurs, comme l’ombre d’un tengu (un démon au long nez) traversant l’espace en vous frôlant avec son bruit d’ailes, ou un rire d’enfant qui éclate dans votre dos... C’est d’ailleurs celui d’une créature yôkai aux allures d’enfant, le zashiki-warashi, (ou « le gamin de la maison »), qui hante les maisons. Les adultes ne peuvent pas le voir, mais on dit que les demeures dans lesquelles il choisit de venir habiter connaissent abondance et bonheur aussi longtemps qu’il restera chez eux. En revanche, s’il s’en va, ce sera la déchéance et la ruine ! Assez mystérieusement, donc, c’est un esprit surnaturel apprécié de tous.
Un autre ancien entrepôt du village est aménagé en petit théâtre, nommé le Tôno-za, où des conteurs traditionnels viennent raconter des contes ancien en patois local qui, grâce aux intonations et expressions particulières, apporte une étonnante richesse émotionnelle à ces récits, parfois chaleureux, parfois horrifiques. En juillet et août, tous les samedis soirs à partir de 20 heures, des performances de théâtre de style traditionnelkagura de nuit sont données au Tôno-za. Et des animations gratuites de dansekagura spécifiques de chaque quartier sont données.
Le même site abrite également une salle d’exposition permanente sur Yanagita Kunio. L’auberge où celui-ci a séjourné au début du XXe siècle lors de la rédaction des « Contes de Tôno », et la maison dans laquelle il vécut jusqu’à la fin de sa vie à Tokyo ont été déplacées, et on peut aujourd’hui visiter son bureau de travail, décoré des objets réels que celui-ci aimait. Une vidéo présente de façon très pédagogique la vie et l’œuvre de Yanagita, que tout le monde reconnaît aujourd’hui comme le père du folklore japonais.
Musée des Contes de Tôno
- Adresse : 2-11, Chûô-dôri, Tôno-shi, Iwate-ken
- Accès : à 5 minutes à pied de la gare JR Tôno
- Horaires : de 9 h 00 à 17 h 00 (dernière admission à 16 h 30)
- Ouvert tous les jours (sauf une période mi-février pour maintenance)
- Tarifs : adultes : 500 yens, lycéens et en-dessous : 200 yens.
Le gouffre où vivent les créatures kappa
Les kappa figurent sans conteste parmi les monstres japonais les plus populaires. Ils vivent au bord de l’eau. Plusieurs régions en conservent des récits. Leur apparence diffère selon les traditions, mais tout le monde s’accorde en général à dire qu’ils ont la peau verte ou bleuâtre, et qu’ils ont une sorte de creux sur le sommet du crâne, que l’on appelle « l’assiette », toujours pleine d’eau, ainsi qu’une carapace de tortue sur le dos, et les mains palmées. Si leur « assiette » s’assèche ou se brise, ils perdent toute leur force et meurent. Ils aiment faire des bêtises, mais ils ne semblent pas vraiment mauvais. Leur nourriture préférée est le concombre, c’est pourquoi on appelle en japonais les makis au concombre des kappa-maki.
À dix minutes de route de la gare de Tôno se trouve le petit temple du Jôken-ji. Et juste derrière le sanctuaire se trouve le lieu appelé Kappa-buchi, le « gouffre des kappa », où les kappa auraient vécu autrefois, au milieu d’un paysage idyllique. L’atmosphère est exactement celle où on peut s’attendre à voir surgir des kappa farceurs, même encore aujourd’hui. Mieux vaut faire attention. Selon de nombreuses rumeurs, les kappa de Tôno auraient un visage rouge. Cherchez bien !
C’est l’endroit le plus propice pour la pêche au kappa. Pour en attraper un, on l’hameçonne avec un morceau de concombre, leur mets favori. Mais pour pêcher le kappa, vous aurez aussi besoin d’un « permis de pêche spécial », vendu 210 yens au bureau du tourisme ou dans les boutiques de l’aire de repos « Kaze no oka » de la ville de Tôno. Lisez attentivement les « Sept articles du pêcheur de kappa » au dos du permis de pêche, puis tentez votre chance : peut-être serez-vous le premier de l’histoire à en attraper un !
L’enceinte du Jôken-ji est protégée par un komainu (une statue représentant généralement une sorte de lion devant un sanctuaire) assez particulier, car son crâne est similaire à celui d’un kappa. Jadis, un incendie s’étant déclaré dans le temple, on dit qu’un kappa se servit de son assiette d’eau posée sur sa tête afin d’éteindre le feu. C’est alors que cette statue de gardien fut installée.
Temple Jôken-ji
- Adresse : 7-50, Tsuchibuchi, Tsuchibuchi-cho, Tôno-shi, Iwate-ken
- Accès : à environ 10 minutes en voiture de la gare JR Tôno
- Horaires : libres pour une simple visite
- Ouvert toute l’année
Les 1 000 statuettes vénérées au Denshô-en
Le Denshô-en est un ensemble de structures qui reproduisent la vie et les moyens de subsistance des agriculteurs de la région de Tôno. La maison Kikuchi, du nom des anciens propriétaires, a été construite autour de 1750 et aujourd’hui répertoriée au titre des biens culturels importants. Elle est typique de l’architecture paysanne dite nambu-magariya (« maison en coin de Nambu ») que l’on trouve dans le territoire de l’ancien fief Nambu, qui occupait autrefois la région à cheval entre les préfectures d’Aomori et Iwate. Dans le fief de Nambu, les chevaux étaient presque considérés comme des membres de la famille. La maison familiale et l’écurie étaient attenantes et formaient un L.
Le pavillon de l’Oshira-dô, relié par une galerie à la maison Kikuchi, est empreint d’une atmosphère de mystère. Au centre de la pièce, un arbre sacré se dresse dans la pénombre, entouré de près de mille statuettes Oshira-sama disposé contre les murs.
Les Oshira-sama sont des divinités domestiques vénérées dans la région du Tôhoku, le nord-est du Japon. Ce sont des dieux de l’agriculture, dieux des vers à soie et des chevaux. Dans les Contes de Tôno, une histoire intitulée « La légende de Oshirasama » raconte l’amour tragique de la fille d’un paysan et d’un cheval :
Un paysan en colère avait attaché à un mûrier et avait abattu le cheval dont sa fille était amoureuse. Désespérée, sa fille n’arrêtait pas de pleurer. Alors, elle enfourcha la tête coupée du cheval mort et tous deux montèrent au ciel pour devenir Oshirasama. Le père vit alors sa fille en rêve, qui lui demandait de donner les feuilles du mûrier où avait été suspendu le cheval à ses vers à soie. Alors les cocons des vers à soie donnèrent de la soie et c’est ainsi que la sériciculture se répandit à Tôno.
Le Denshô-en
- Adresse: 6-5-1, Tsuchibuchi-chô, Tôno-shi, Iwate-ken
- Accès : environ 15 minutes en voiture de la gare JR Tôno
- Horaires : 9 h 00-17 h 00 (dernière admission : 16 h 30)
- Ouvert toute l’année (quelques fermetures temporaires pour maintenance)
- Tarif : Adultes : 320 yens, lycéens et en-dessous : 220 yens
Ça vaut le détour : Tôno Furusato-mura, le vieux village de Tôno
À 25 minutes de bus de la gare JR Tôno se trouve un endroit nommé Tôno Furusato-mura, c’est-à-dire « Tôno le vieux village ». Il s’agit de la reconstitution d’un village de montagne d’autrefois, avec des maisons paysannes en L – les fameuses magari-ya – au toit de joncs. Le village est très souvent utilisé pour des tournages de séries télé ou de films historiques. On dit même que la créature zashiki-warashi habite la maison du chef du village, celle qui possède un cheval blanc. De début juillet à fin août s’y déroule un concours de déguisements : ceux qui osent entrer dans la maison déguisés en zashiki-warashi gagnent une entrée gratuite au village !
- Adresse : 5-8-1 Kami-Tsukimoushi, Tsukimoushi-chô, Tôno-shi, Iwate-ken
- Accès : de la gare JR Tôno, prendre le bus Hayachine, ligne Tsukimoushi, direction Saka-no-shita, et descendre après environ 25 minutes, à l’arrêt Furusato-mura.
- Horaires : de 9 h 00 à 17 h 00 (à 16 h 00 de novembre à février)
- Ouvert toute l’année
- Tarif : Adultes 540 yens, lycéens et au-dessous 320 yens (après octobre, adultes 550 yens, lycéens et au-dessous 330 yens)
(Reportage et texte : Shoe Press. Photo de titre : statue de kappa trônant devant la gare de Tôno)