Le Shôgo-in : un trésor impérial à Kyoto ouvert spécialement au public
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Des liens étroits avec la famille impériale
Situé dans l’arrondissement Sakyô-ku de Kyoto, le Shôgo-in est le temple principal du shugendô, un courant ascétique du bouddhisme japonais. Il possède également le statut spécial de monzeki, signifiant qu’il a été dirigé par des membres de la famille impériale et autres personnages de la classe noble.
Le Shôgo-in aurait été fondé par le prêtre ascète Zôyo (1032–1116), à qui fut offert un temple pour ses services rendus en tant que guide auprès de l’empereur retiré Shirakawa lors d’un pèlerinage aux trois sanctuaires de Kumano Sanzan en 1090. Zôyo choisit de nommer ce temple « Shôgo-in », ce qui signifie Protecteur de l’empereur. Plus tard, les membres de la famille impériale et des personnages de la classe noble en lien avec cette dernière servirent en tant que grands prêtres du Shôgo-in, et ce, jusqu’à l’ère Meiji (1868–1912). Lorsque le palais impérial de Kyoto fut ravagé par le Grand incendie de Temmei en 1788, l’empereur Kôkaku (1780–1817) en fit temporairement sa résidence.
L’une des raisons pour lesquelles le temple n’est pas particulièrement connu est qu’il fut pendant longtemps fermé au public. Il ne pouvait être visité que sur réservation. Maintenant accessible au grand public, les chefs d’œuvres qu’il renferme peuvent être admirés par tous les passionnés d’art et d’histoire.
Une chambre majestueuse réservée aux devoirs impériaux
Parmi les nombreux trésors abrités par le temple Shôgo-in figurent pas moins de 100 portes coulissantes fusuma recouvertes de feuilles d’or. Dès le hall de l’entrée principale du temple, les visiteurs tombent nez à nez avec deux vieux pins massifs dessinés par Kanô Einô (1631-1697) et Kanô Masunobu (1625-1694), deux artistes majeurs de l’école Kanô.
Caractéristique des temples monzeki, le hall de l’entrée principale du Shôgo-in sert également d’entrée au shinden, le principal bâtiment du temple réservé aux tâches et devoirs impériaux. Le shinden comporte plus de 15 salles, dont les noms ont été choisis d’après les peintures sur leurs portes coulissantes fusuma, telles que Kujaku no Ma (salle du paon), Taikôbô (salle du pêcheur) ou Nami no Ma (salle des vagues). Ces peintures sont l'œuvre de Kanô Einô, auteur du Honchô gashi (1691), la plus ancienne histoire de la peinture japonaise, et de Kanô Masunobu, l’apprenti adopté par le grand peintre Kanô Tan’yû (1602–1674).
Une série de salles depuis le couloir du shinden mènent à une estrade où l’empereur Kôkaku tenait audience et s’acquittait de ses devoirs impériaux. Les portes coulissantes fusuma de la salle menant à la dernière chambre impériale sont l’œuvre de Kanô Masunobu. Elles sont décorées d’élégantes peintures représentant des oiseaux et des fleurs de saison.
Au-dessus de l’estrade impériale, une calligraphie encadrée de l’empereur Go-Mizunoo (1596-1680). Les deux caractères représentés 研覃 se lisent kentan. Ils signifient : « Polissez-vous et labourez le champ de votre âme », explique Miyagi Taigaku, grand prêtre du Shôgo-in. Les coins arrondis du cadre, poursuit-il, invitent tout un chacun à s’adoucir afin de ne pas blesser le cœur d’autrui.
Cet esprit et volonté de vivre ensemble en paix se retrouve également dans les petits trous creusés dans les impostes décorées ranma au-dessus des portes coulissantes. Ces trous sont destinés à laisser passer les souris afin qu’elles évitent de ronger le mobilier pour se frayer un chemin...
Le shoin, animé par les passions
Les autels du Shôgo-in se trouvent dans le sanctuaire intérieur, une pièce qui était réservée avant l’ère Meiji pour l’enseignement aux membres de la noblesse participant aux cérémonies du foyer impérial. Aujourd’hui, la pièce abrite principalement une statue d’En no Gyôja, le fondateur légendaire du shugendô, et d’autres statues importantes pour ce courant bouddhique
Lors de votre visite, ne manquez pas les statues de divinités gardiennes de Fudô Myôô. Avec un comportement féroce mais mélancolique, ces divinités transmettent la sagesse, séparant les malheurs et les désirs du monde avec leurs épées dans la main droite et capturant et jetant ce qu’il en reste dans les flammes environnantes avec leurs cordes dans la main gauche.
« Les expressions de ces personnages rappellent beaucoup celles d’une mère sévère avec ses enfants, qui fait de son mieux pour les éduquer et leur inculquer les bonnes manières, toujours prêts à sévir si le besoin s’en fait sentir », explique Miyagi Taigaku.
Le Fudô Myôô peut être admiré lors de l’ouverture annuelle spéciale du temple.
Un passage ouvert relie le shinden au shoin, une résidence construite à l’origine pour Kushige Takako, épouse bien-aimée de l’empereur Go-Mizunoo. Elle sera plus tard transférée et rattachée au Shôgo-in. Parmi les caractéristiques de ce bâtiment, on peut citer les portes coulissantes mairado, des panneaux de bois dans une ossature maintenus par de minces traverses en bois, un toit délicat et gracieux et des ornements dissimulant les clous représentant des lettres d’amour pliées.
Lors de votre visite, ne manquez pas non plus cette magnifique fenêtre encastrée avec ses vitres, un élément précieux du shoin et d’une valeur inestimable. Le cristal qui compose le volet de droite, lorsqu’il est vu de l’intérieur, est d’origine.
Ouverture du Shôgo-in en 2019
- Adresse : 15 Shôgoin Nakamachi, Sakyô-ku, Kyoto-shi, Kyoto-fu
- Ouverture : du 7 octobre au 3 décembre 2023
- Fermeture entre le 12 et 15 octobre, et le 28 et 29 novembre 2023
- Horaires : 10 h à 16 h
- Tarifs – Adultes : 800 yens. Collégiens, lycéens et étudiants : 600 yens. Élèves de primaire et en dessous : gratuit
- Site Internet
(Reportage et texte : Fujii Kazuyuki, 96Box. Photos : Kuroiwa Masakazu, 96Box)