Quand gourmandise rime avec plaisir

Les secrets du miso, expliqués par un fabricant fier de 300 ans d’expérience

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Le miso : on en parle souvent sans réellement savoir de quoi il s’agit, comment le fabriquer, quels sont les ingrédients utilisés, et pourquoi cette pâte fait partie de la vie quotidienne des Japonais depuis des lustres. On vous dit tout ici, à travers un reportage qui nous emmène chez un spécialiste du miso sur plus de trois siècles, dans la région d’Osaka.

« Le miso fait maison est vivant »

Beaucoup connaissent le dicton « Une pomme chaque matin éloigne le médecin ». Il existe une version nippone de ce vieil adage. Si au Japon, la pomme était remplacée par le miso, déjà à l’époque d’Edo (1603-1868), il était de coutume de dire que cette pâte de soja fermenté maintient celui qui le consomme en bonne santé, ou encore que « la soupe miso du matin éloigne le poison au quotidien », montrant la mesure de l’affection du peuple japonais au miso pour ses qualités nutritionnelles.

C’est cet attachement que l’établissement Kôjiya Amekaze, fondé en 1689, est en train de tout son cœur de transmettre. Ainsi, toute l’année et sur réservation, cette entreprise basée à Sakai, dans la préfecture d’Osaka, propose des cours pour apprendre comment obtenir ce miso séculaire. Ces dernières années, les aliments fermentés ont gagné en popularité auprès de celles et ceux qui ont bien à l’esprit leurs vertus bienfaisantes. Et le miso fait maison connaît lui aussi un regain de popularité au Japon, dans le sillage de cette tendance.

Toyoda Minoru (à droite), propriétaire de la quinzième génération de Kôjiya Amekaze, avec son fils Nobuhiro. Le magasin est une entreprise familiale.
Toyoda Minoru (à droite), propriétaire de la quinzième génération de Kôjiya Amekaze, avec son fils Nobuhiro. Le magasin est une entreprise familiale.

« Autrefois, le miso du foyer symbolisait le goût du chez soi », explique Toyoda Nobuhiro, seizième génération à la tête de Kôjiya Amekaze. Aujourd’hui encore, dans la région de la préfecture d’Osaka, nombre de foyers continuent de célébrer le Nouvel An en se régalant du miso préparé en automne avec du soja et du riz fraîchement récoltés.

À l'intérieur du magasin Kôjiya Amekaze, des produits à base de kôji cultivé sur place, dont du miso, de la sauce soja et de l'amazake (une boisson sucrée au riz fermenté)
À l’intérieur du magasin de Kôjiya Amekaze, des produits à base de fement de riz (kôji) cultivé sur place, dont du miso, de la sauce soja et de l’amazake (une boisson sucrée et peu alcoolisée à base de riz fermenté).

« Le miso fait maison est vivant » ajoute Toyoda Nobuhiro. Sur le marché, on voit souvent du miso qui a été stérilisé à haute température avant expédition, ce qui interrompt le processus de fermentation. Le miso fait maison, lui, bien au contraire, continue de fermenter, ce qui signifie que ses bienfaits sont toujours présents et que sa saveur pourra évoluer au fil du temps, pour la grande joie de nos papilles.

Le kôji, le ferment de riz indispensable

Soucieux de la sûreté de nos ingrédients, nous n’utilisons que des produits fabriqués au Japon.
Soucieux de la sûreté de leurs s ingrédients, Kôjiya Amekaze n’utilise que des produits fabriqués au Japon.

Le miso de riz est généralement composé de seulement trois ingrédients : du soja, du sel et du kôji. Le kôji est du ferment de riz obtenu en cultivant une moisissure appelée kôji-kin (son vrai nom est aspergillus oryzae) sur le grain du riz. Traditionnellement, le miso de Sakai utilise deux portions de soja pour une de kôji.

Le kôji est indispensable pour la préparation du miso mais aussi du saké, du vinaigre et de la sauce soja.

Le soja appartient à une grande variété, au goût légèrement sucré, de Hokkaidô appelée Tsuru-musume.
Le soja appartient à une grande variété de Hokkaidô au goût légèrement sucré.

« Bien qu’il s’agisse d’une sorte de moisissure, le kôji n’est absolument pas nocif pour la santé, et présente au contraire de nombreux avantages, tant pour le goût qu’en termes de valeurs nutritionnelles », explique Toyoda Nobuhiro.
L’entreprise Kôjiya Amekaze cultive cette moisissure miracle depuis des générations. Depuis ses débuts, il y a plus de trois siècles, le kôji est obtenu à la main au terme d’un processus de fabrication de deux jours, à l’aide de vieux ustensiles en bois qui ont fait leurs preuves.

Le kôji de riz est obtenu en cultivant le ferment sur du riz cuit à la vapeur. Les fibres blanches cotonneuses enveloppant le riz sont constituées de filaments fongiques.
Le kôji est obtenu en cultivant une certaine bactérie sur du riz cuit à la vapeur. Les fibres blanches cotonneuses enveloppant le riz sont constituées de filaments fongiques.

Le kôji est indispensable pour la préparation du miso mais aussi du saké, du vinaigre et de la sauce de soja.
Le kôji est indispensable pour la préparation du miso mais aussi du saké, du vinaigre et de la sauce de soja.

Les enzymes générées lors de la fermentation du kôji décomposent les protéines et les amidons contenus dans le soja et le riz en acides aminés et en sucres. Ce sont eux qui donnent l’umami (le « savoureux », l’un des cinq goûts principaux) et confèrent leur douceur aux aliments, rendant le miso si particulier une fois mis en bouche. Le kôji produit également des substances aux propriétés anti-âge qui réduisent les risques de cancer et de maladies liées au mode de vie.

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