
Les milles et une merveilles de Kyoto
L’architecture des maisons traditionnelles de Kyoto, les « machiya »
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Des plafonds bas conçus pour protéger des incendies
Juste sous le toit, au premier étage, une fenêtre de motifs de claire-voie directement encastrée dans les murs de terre plâtrée. Cette fenêtre porte le nom de mushiko-mado. Particulièrement fréquente dans les maisons de ville tsushi-nikai avec un plafond bas au premier étage, elle aurait pour but de prévenir les incendies.
« Le toit des maisons tsushi-nikai est suffisamment bas pour empêcher les flammes de se propager si la maison de l’autre côté de la rue prend feu », explique Matsui Kaoru. Deux incendies ont ravagé la ville au XVIIIe siècle. Forts de ses enseignements, les constructeurs de ces machiya ont compris que, compte tenu de la largeur des rues et de la direction de propagation des flammes, les dommages causés par le feu pouvaient être réduits au minimum en maintenant les bâtiments en dessous d’une certaine hauteur.
Le premier étage de ces maisons tsushi-nikai aux plafonds bas servait souvent de dortoir pour les domestiques et d’espace de stockage.
Claires-voies et tables pliantes
Les claires-voies sont une autre caractéristique importante d’une machiya de Kyoto. Elles sont devenues une mesure de sécurité pendant une période tumultueuse de bouleversements sociaux et de conflits militaires déclenchés par la guerre d’Ônin (1467–1477). À première vue, toutes les claires-voies se ressemblent… Mais pas si sûr ! À y regarder de plus près, on constate une variété considérable dans la disposition et l’épaisseur des claires-voies, souvent un indicateur de la profession du propriétaire de la machiya.
Une machiya avec une porte à claire-voie itoya et une table pliante battari shôgi (droite). Un espace entre les claires-voies et le plafond laisse passer la lumière du soleil.
Le choix de claire-voie dépendait en grande partie de l’activité exercée dans la machiya. Pour le textile, que ce soit pour la teinture, le tissage ou la vente, des claires-voies itoya (littéralement « magasin de fils ») étaient fréquentes. Laissant passer la lumière du soleil par la partie supérieure, elles permettaient aux artisans de bien voir les couleurs. Si les marchands de saké eux optaient plutôt pour des claires-voies de type sakaya (qui signifie « point de vente d’alcool »), les commerces de riz choisissaient des claires-voies plus resserrées du nom de komeya (« commerce de riz »). Enfin, un dernier exemple, les shimotaya, avec des bandes de bois plus minces, étaient destinés aux résidents qui avaient « fermé boutique ».
Ces claires-voies laissent passer la lumière mais permettent également à la personne une bonne visibilité.
Un certain nombre de machiya comportent toujours un battari shôgi, une table pouvant être repliée contre la porte à claire-voie. « Autrefois, chaque matin était rythmé par la musique des propriétaires de magasins qui abaissaient leur battari shôgi et levaient leurs volets hajitomi », explique Matsui Kaoru. « Mais ces bruits appartiennent maintenant au passé » dit-il, un tantinet nostalgique.
Au début du XXe siècle, la partie inférieure de la claire-voie a laissé place à un mur en béton et celles en bois ont été remplacées par des barreaux en fer.
Des architectures pratiques
Les inuyarai (barrières à chiens) ne sont pas que purement décoratives ; elles ont aussi un aspect pratique.
Ces inuyarai (barrière à chiens) faites de bambou avaient pour but de protéger les murs inférieurs et les claires-voies d’une machiya contre la pluie, la saleté et les chiens qui viendraient uriner. Les komayose (station de chevaux), d’autre part, étaient une clôture en bois dur tels que le châtaignier ou le zelkova créant un espace entre la rue et la maison, permettant ainsi de tenir les étrangers à l’écart du foyer (bien que leur nom laisse à penser qu’elles avaient pour but d’attacher les chevaux).
Sur les komayose sont souvent gravés des motifs à la hache.
Si vous souhaitez voir une machiya traditionnelle, les anciens quartiers de Kyoto, tels que Gion, Nishijin, et les rues Shinmachi et Muromachi dans l’arrondissement de Nakagyô, sont tout indiqués. Regardez-les près et vous verrez qu’elles présentent mille et une différences. Avec un œil averti, essayez de les relever et votre promenade n’en sera que plus agréable !
(Reportage et texte de Sugimoto Kyôko. Photos : Hamada Tomonori)