Allons voir les festivals japonais !

Des hommes nus devant les dieux : trois grands festivals « hadaka-matsuri »

Tradition Tourisme

Le festival nu (hadaka-matsuri) est une très vieille tradition qui considère que lorsque l’on supplie les divinités, il faut se présenter nu comme à la naissance, et sans aucune souillure. En voici trois célèbres et impressionnants, capturés par un photographe de renom.

Le Hayama-gomori du sanctuaire de Kuronuma

(Ville de Fukushima, préfecture de Fukushima. Sur une durée de trois jours à partir du 16 novembre selon le calendrier lunaire)

Si une grande partie du festival est fermée au public, tout le monde peut assister au rituel ta-asobi pour assurer une bonne récolte.
Si une grande partie du festival est fermée au public, tout le monde peut assister au rituel ta-asobi pour assurer une bonne récolte.

Ce troisième festival est moins connu que les deux autres, mais c’est un événement imprégné du caractère mystérieux des croyances primitives. Au sein du sanctuaire de Kuronuma, dans la ville de Fukushima, se tient depuis plus de mille ans une cérémonie secrète où l’oracle des dieux est révélé aux humains. Ce lieu redoutable où les dieux se manifestent, appelé Hayama, est interdit d’accès sauf une fois l’an, au moment du festival.

Pendant trois jours, les hommes qui comptent participer à la cérémonie purifient leurs corps dans un pavillon proche du sanctuaire. Tous les matins à cinq heures, ils se mettent à nu devant un puits sacré et s’aspergent d’une eau glaciale en offrant leurs requêtes ainsi que celles de leurs familles et leurs amis aux dieux. Durant cette période, ils ne mangent que du choux hakusai et des radis blancs daikon récoltés à proximité ainsi que du riz blanc cuit dans l’eau du puit.

Une cérémonie de purification dans un pavillon consacré
Une cérémonie de purification dans un pavillon consacré

En 2024, le festival a eu lieu du 20 au 22 décembre. Le premier soir, les participants, vêtus d’un simple pagne, effectuent un rituel recréant une plantation du riz à l’intérieur du pavillon. Le son des tambours taiko appelle le tonnerre et les nuages, et les hommes font le tour de la pièce en portant l’un des leurs. Ensuite, deux groupes se bousculent comme dans un simulacre de combat de cavalerie, tout en criant Yoisaa. Le tout est censé représenter le labourage des chevaux de trait. L’homme est ensuite déposé sur le tatami et tous entament un air traditionnel en imitant un repiquage de semis de riz. La cérémonie se termine par des prières pour une année généreuse.

Une offrande pour des récoltes et une fertilité heureuses
Une offrande pour des récoltes et une fertilité heureuses

Le deuxième jour, les participants, toujours nus, pilent du riz avec des maillets pour fabriquer des gâteaux mochi en offrande. Les anciens de leur côté préparent des légumes afin de prier pour une fertilité heureuse.

L’entrée de la zone interdite de la montagne est indiquée par une corde sacrée shimenawa.
L’entrée de la zone interdite de la montagne est indiquée par une corde sacrée shimenawa.

C’est à partir de trois heures du matin, le troisième et dernier jour, que commence enfin le yama-gake. Tous les participants, vêtus d’un couvre-chef fait d’une petite serviette tenugui pliée, d’un habit blanc, et de sandales de paille pénètrent dans le mont Hayama. Ils s’arrêtent devant le petit sanctuaire au sommet de la montagne et se purifient l’âme en écoutant le son de la cloche. Un oracle, le noriwara, avec son esprit possédé par les divinités, donne ses prévisions sur le temps et la moisson de l’année à venir.

En 2023, les dieux Kuronuma et Yawata sont descendus sur terre en promettant une année propice, avec « un temps correct et une moisson satisfaisante ».
En 2023, les dieux Kuronuma et Yawata sont descendus sur terre en promettant une année propice, avec « un temps correct et une moisson satisfaisante ».

(Photo de titre : le festival Eyô du temple Saidai-ji, dans la préfecture d’Okayama. Toutes les photos : © Haga Library)

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