Allons voir les festivals japonais !

Tout feu, tout flamme : trois uniques festivals d’hiver au Japon

Culture Tradition

Nous vous présentons ici trois festivals où le feu et les combats font office d’offrandes aux divinités.

Le festival Imazu Ômikoshi : les jeunes contre les anciens

(Le 7 octobre, Matsuyama, préfecture d’Ehime)

Les mikoshi du festival sont promenés à travers la ville toute la journée
Les mikoshi du festival sont promenés à travers la ville toute la journée

Matsuyama, la capitale de la préfecture d’Ehime, sur l’île de Shikoku, est connue pour ses nombreux festivals d’automne déchaînés, avec des combats de mikoshi (autel portatif) où certains sont même lancés dans les rivières pour assurer une bonne pêche et une moisson généreuse. L’un des plus endiablés et celui d’Imazu Ômikoshi qui se déroule à Nishihabu, un port de pêche au sud-ouest de Matsuyama. Encore une fois, c’est un combat entre les anciens (qu’on appelle iemochi, « propriétaire de maison ») et les jeunes pour un mikoshi.

Le festival a lieu autour de deux sanctuaires, Mishima Daimyôjin et le sanctuaire de Sumiyoshi. La veille du festival, deux grands mikoshi défilent à l’intérieur de l’enceinte de Mishima Daimyôjin. Les vétérans portent un ancien mikoshi tandis que les jeunes portent celui de l’année d’avant. Si ce dernier a été très endommagé lors du festival précédent, cela peut prendre jusqu’à six mois de le réparer.

Pendant que les mikoshi sont promenés autour de l’enceinte, un daiba (une sorte de créature maléfique) portant un masque de démon se manifeste et tape sur les gens avec un bâton en tiges de bambou pour leur apporter bonne santé.
Pendant que les mikoshi sont promenés autour de l’enceinte, un daiba (une sorte de créature maléfique) portant un masque de démon se manifeste et tape sur les gens avec un bâton en tiges de bambou pour leur apporter bonne santé.

Tôt le matin du festival, les mikoshi sont transportés vers le sanctuaire de Sumiyoshi où les esprits des morts (mitama) en prennent possession, puis ils sont promenés à travers la ville pendant une dizaine d’heures. Le défilé s’arrête devant de nombreuses maisons et les participants font un gros tapage à l’entrée, provoquant parfois quelques dégâts. Mais ceux-ci étant considérés comme des désagréments « divins », qui apportent bonne fortune, personne ne se plaint !

Le soir, les mikoshi retournent au sanctuaire de Sumiyoshi, éclairés par des lanternes le long du chemin. Les iemochi sont les premiers à arriver, suivi des jeunes qu’ils attendent à l’entrée du sanctuaire. La mise en scène est complète pour le clou du spectacle, un combat en trois temps entre deux générations.

Les jeunes essayent de forcer l’entrée au sanctuaire.
Les jeunes essayent de forcer l’entrée au sanctuaire.

Le chef du groupe des jeunes exhorte ses troupes à qui criera le plus fort pour se donner du courage. Ils prennent l’entrée d’assaut, et commencent à avancer vers le portail, se servant de leur mikoshi comme bélier. De leur côté, les anciens font tout pour les en empêcher. Ça cogne dans tous les sens et l’excitation monte. Le mikoshi est renversé et des hommes aussi. C’est le moment fort du festival.

Une fois le mikoshi tombé, les participants changent de côté. Les iemochi redressent le mikoshi et c’est à leur tour de passer à l’attaque du portail, le heurtant de toute leur force. Le mikoshi est renversé une nouvelle fois.

Au troisième tour, c’est à nouveau les jeunes qui portent le mikoshi face aux provocations des iemochi. À force d’insister, ils arrivent enfin à pénétrer à l’intérieur du sanctuaire.

Quelque part, ce combat représente le souhait des anciens de mettre l’avenir entre les mains des jeunes, et le festival est un moyen de rassembler les gens par le biais de cette longue tradition qui ne manquera pas de perdurer.

Dans la ruée, le mikoshi et les participants se retrouvent au sol.
Dans la ruée, le mikoshi et les participants se retrouvent au sol.

(Les dates données sont celles auxquelles les festivals sont normalement tenus. Photo de titre : une scène du festival Dôsojin. Toutes les photos : © Haga Library)

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tradition festival Nagano Saga Ehime

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