Suwa Taisha, à Nagano : des sanctuaires shintô ancestraux accompagnés d’un festival unique en son genre
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Un lieu de culte évoquant les origines de la religion shintoiste
Le Suwa Taisha est un illustre complexe shintô s’étendant le long des rives du lac Suwa, dans la préfecture montagneuse de Nagano. Ce groupement de sanctuaires rivalise de longévité avec d’autres centres religieux japonais plus connus, tels que le fameux sanctuaire d’Ise. Le Suwa Taisha est même cité dans les pages du Kojiki (« Chronique des faits anciens »), le grand recueil de mythes datant du VIIIe siècle et l’un des plus vieux textes historiques du Japon. Celui-ci indique que le Suwa Taisha a été construit afin de vénérer la divinité Takeminakata, qui aurait fui à Suwa après une défaite lors de la guerre de succession pour le contrôle de la région d’Izumo, où se tient aujourd’hui le sanctuaire d’Izumo.
Les divinités vénérées à Suwa Taisha sont Takeminakata et sa consoeur Yasakatome. Il y a plus de 10 000 sanctuaires Suwa affiliés à Suwa Taisha autour du Japon, et leurs adeptes sont nombreux.
La particularité du Suwa Taisha est son aménagement inhabituel : il comprend quatre sanctuaires profondément liés mais séparés géographiquement par les eaux du lac Suwa.
Sur la rive sud du lac Suwa se trouvent Maemiya et Honmiya, qui forment les sanctuaires supérieurs (kami-sha), et sur la rive nord, Harumiya et Akimiya, les sanctuaires inférieurs (shimo-sha).
Tandis que Maemiya possède un pavillon principal (honden), qui accueille un objet sacré (shintai) censé contenir l’esprit de la divinité, les trois autres sanctuaires possèdent uniquement des pavillons cérémoniels consacrés au culte (appelés en ces lieux heihaiden), et leur shintai sont des éléments de la nature.
Ainsi, à Honmiya, le shintai est le mont Moriya, se situant au sud-ouest du sanctuaire. À Akimiya, c’est le magnifique if du Japon, trônant majestueusement dans le sanctuaire. Quant à Harumiya, il s’agit d’un cèdre japonais (sugi). À Suwa Taisha, on trouve d’anciennes formes de vénération de la nature qui datent de centaines voire de milliers d’années avant l’établissement de la religion shintô, aujourd’hui encore bien vivante et pratiquée par les fidèles.
Un festival qui vaut la peine d’attendre
La culture préhistorique de la période Jômon était particulièrement vibrante il y a près de 5 000 ans aux piémonts de la chaîne de montagne Yatsugatake, surplombant le lac Suwa. Nombre de sites archéologiques ont été exhumés dans la région, et certaines découvertes sont exposées au musée Togariishi d’Archéologie Jômon (ville de Chino).
Parmi les anciens artefacts, deux élégantes figurines en argile communément connues sous le nom de « Vénus de Jômon » et de « Déesse Masquée », avait été désignés comme trésors nationaux. Il est ici possible d’avoir un aperçu de la culture spirituelle de la préhistoire, ce qui rend la visite de ce musée incontournable pour tout pèlerin à Suwa Taisha.
Un autre caractère distinctif du Suwa Taisha qui a contribué à sa popularité au Japon est le saisissant festival Onbashira. Il se tient toutes les années du tigre ou du singe, soit tous les six ans (le plus récent était en 2016).
Lors de cet évènement, des troncs massifs de 16 sapins japonais momi vieux de 200 ans, d’un diamètre d’un mètre et pesant près de 10 tonnes chacun, sont abattus sur les montagnes alentours avant d’être transportés par des travailleurs et des fidèles le long des pentes abruptes, des rivières et des ruisseaux. Ils sont charriés sur près de 20 kilomètres aux sanctuaires supérieurs et sur 12 kilomètres aux sanctuaires inférieurs sous le chant entraînant des travailleurs, le kiyari.
Les troncs sont finalement érigés comme des piliers (les hashira, qui forment une partie du nom de ce festival) aux quatre coins de chacun des terrains du sanctuaire.
Aussi fascinante que cet ancien rituel puisse sembler, il n’y a toujours pas de réponses définitives à ces questions : quelle est l’origine du festival Onbashira ? Pourquoi donc ces troncs d’arbres sont-ils coupés puis érigés de cette remarquable manière ?
Bien que quatre troncs d’arbres soient érigés à chacun des quatre sanctuaires du complexe Suwa Taisha, le seul endroit où l’on peut voir quatre pilliers regroupés est à Maemiya. Aux trois autres sanctuaires, seulement un ou deux des piliers sont visibles à la fois depuis les endroits ouverts aux visiteurs.
Si vous voulez observer le transport de ces arbres en bas des montagnes ainsi que leur disposition en piliers, il vous faudra attendre encore un peu. Le prochain festival Onbashira se tiendra en 2022, l’année du tigre.
Accès aux sanctuaires de Suwa Taisha
- Maemiya : 10 minutes en taxi de la gare JR Chino
- Honmiya : 15 minutes en taxi de la gare JR Chino
- Harumiya : 15 minutes de marche de la gare JR Shimo-Suwa
- Akimiya : 10 minutes de marche de la gare JR Shimo-Suwa
(Reportage et texte : Toya Manabu. Photos : Nakano Haruo. Photo de titre : le pavillon kagura du sanctuaire Akimiya)