« Nengajô », les cartes de vœux du Nouvel An
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Le record en 2003 avec 4,4 milliards de cartes envoyées
On estime que cette tradition de s’échanger des lettres de salutations pour le Nouvel An au Japon remonte à la seconde moitié du VIIe siècle. À l’origine, on sortait le jour de l’An pour aller directement présenter ses salutations et on envoyait des lettres à ceux que l’on ne pouvait pas rencontrer. Au fil du temps, on a eu recours de plus en plus aux lettres : c’est ainsi que la tradition du nengajô s’est installée au Japon.
Les nengajô ressemblent aux cartes de vœux de Noël, mais s’en démarquent par le fait qu’ils doivent arriver aux destinataires les premiers jours de la nouvelle année et qu’ils sont envoyés en quantité considérable. Une famille japonaise typique envoie en moyenne de 50 à 100 cartes. Cependant, après le record de 4,4 milliards de nenga hagaki (cartes postales pré-timbrées spécialement conçues pour les nengajô) émis par la Poste japonaise en 2003, ce nombre diminue d’année en année. En revanche, de plus en plus de personnes utilisent des services sur internet, qui s’occupent d’imprimer puis d’envoyer les nengajô.
Chaque année, dès le début du mois de novembre, on peut acheter des nenga hagaki dans les bureaux de poste, les convenience store et les papeteries. On en trouve de toute sorte : des cartes vierges à celles décorées avec le signe astrologique chinois de la nouvelle année, en passant par celles comportant des vœux de bonne santé ou des phrases de remerciements. Les nenga hagaki émises par la Poste sont vendus 52 yens l’unité et comportent chacun un numéro unique pour la loterie du Nouvel An. Pour ceux qui préfèrent envoyer des cartes autres que celles de la Poste, des timbres qui ont pour thème le signe astrologique chinois de l’année à venir, comportant, eux aussi, un numéro pour la loterie, sont vendus.
Le jour de l’An, une cérémonie spéciale est tenue tôt le matin dans chacun des plus de 20 000 bureaux de poste du Japon. Les facteurs, à vélo, à moto ou en voiture, démarrent tous ensemble la journée et s’en vont délivrer les nengajô, qui sont regroupés en paquets pour chaque adresse. C’est une des coutumes du Nouvel An.
Vidéo : cérémonie 2015 de départ de livraison de nengajô à Osaka
Jouer au loto avec les nengajô
Un numéro de six chiffres est inscrit au bas des nenga hagaki de la Poste, pour la loterie qui est tenue au début de la nouvelle année. C’est une autre manière d’apprécier cette coutume de s’échanger les nengajô.
Habituellement, on poste les nengajô pour qu’ils soient délivrés dans les boîtes aux lettres avant le 7 janvier. L’idéal est qu’ils arrivent à destination le jour de l’An. Pour ce faire, il est nécessaire de les envoyer entre le 15 et le 25 décembre.
Si dans l’année qui se termine un membre de la famille est décédé, on s’abstient d’envoyer les nengajô et on demande en avance à ne pas en recevoir. Ce faire-part que l’on envoie à son entourage lorsqu’on fait le deuil est envoyé en général avant la mi-décembre.
Ajouter un message écrit à la main
On écrit en premier des salutations pour la nouvelle année, puis des remerciements pour l’année qui s’est terminée et enfin quelques mots pour que l’on puisse passer ensemble avec le destinataire une année fructueuse.
Le message de salutation est similaire à « bonne année » en français. Plusieurs formules de vœux existent en japonais : あけましておめでとうございます(akemashite omedetô gozaimasu) la plus courante, des formelles comme 謹賀新年 (kinga shinnen) ou 恭賀新年 (kyôga shinnen) et d’autres qui le sont moins comme 賀正 (gashô) ou 迎春 (geishun). Cette salutation est inscrite en grand sur la carte, puis les phrases suivantes sont écrites en plus petit.
Auparavant, on écrivait ces messages avec un pinceau et on décorait les nengajô avec des estampes faites à la main. Mais à cause du grand nombre à envoyer, il est rare de tout faire soi-même. Ceux qui préfèrent avoir leurs propres nengajô les créent à l’aide d’un ordinateur avec des photos, des illustrations et du texte, puis les impriment chez eux. Certains vont les imprimer chez un professionnel. Tout comme les cartes de Noël qui peuvent être ennuyeuses si elles sont envoyées telles quelles, il est préférable d’ajouter quelques lignes écrites à la main ; c’est l’occasion par exemple de donner de ses nouvelles. Les jeunes Japonaises aiment embellir leurs cartes avec du masking tape (ruban adhésif coloré) et des tampons encreurs décoratifs. Ces dernières années les nengajô se diversifient de plus en plus. Il est possible de créer des nengajô numériques sur smartphone et de les envoyer sur les réseaux sociaux ou à travers des applications de messagerie comme Line.
Avec l’avènement des générations du numérique, la Poste japonaise, privatisée en 2007 et pour qui le marché du nengajô représente 10 % de son chiffre d’affaires, se voit forcée de s’adapter aux innovations technologiques. Elle a ainsi fondé son propre site internet pour cartes de vœux, qui propose plus d’un millier de modèles de nengajô à télécharger. Le site propose également un service d’envoi des nengajô par e-mail ou sur les réseaux sociaux pour les amis dont on ne connaît pas l’adresse postale.
L’envoi d’un message électronique est instantané et simple d’utilisation. Mais d’un autre côté, un vrai nengajô sera gardé précieusement par le destinataire. Dans un monde où on ne s’envoie plus de lettres écrites à la main, c’est une occasion précieuse, une fois par an, de prendre des nouvelles de son entourage. Les nengajô sont en ce sens un bon moyen de reprendre contact avec sa famille et ses amis.
(Photo de titre : cérémonie d’ouverture 2015 de réception des nengajô au bureau central de la Poste à Tokyo, le 15 décembre 2014, Jiji press.)