« Sentô » : les bains publics du Japon
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Un espace propice à la baignade et à la détente
Les bains publics, ou sentô, sont une des façons de profiter de la baignade au Japon. Pour une grande partie de leur histoire, ces bains publics n’étaient pas seulement un endroit pour se laver, mais servaient aussi comme importants lieux de rassemblement communautaire. Cependant, leur nombre a drastiquement diminué au fil des années depuis qu’il est devenu normal pour les maisons japonaises d’être équipées de salle de bain. Bien que réduits en nombre, les bains publics et leur charme sont toujours à disposition pour tous ceux qui désirent découvrir les joies de la baignade à la japonaise.
Le ticket d’entrée d’un sentô côute en moyenne 300 à 500 yens pour adultes (100 à 300 yens pour enfants moins 12 ans). Les baigneurs peuvent se relaxer dans le bain commun ainsi que grâce à une variété d’autres services. Les vestiaires et les bains sont séparés pour hommes et femmes. Les deux entrées sont généralement marquées par un long noren (rideau). Dans le passé, les bains publics étaient simplement dotés d’étagères et de paniers pour y déposer ses affaires, mais les sentô modernes sont désormais équipés de vestiaires à serrure.
Après avoir traversé le noren, on se déshabille, dépose ses vêtements et autres affaires dans son vestiaire avant de se diriger vers la grande salle de bains. En général, on est censé apporter ses propres produits de toilette, mais il est possible de les acheter dans le sentô. On utilise deux serviettes : une petite qui sert à se laver (et aussi à se couvrir les parties intimes quand on va d’un endroit à l’autre) et à s’essuyer rapidement avant de retourner dans les vestiaires pour ne pas les mouiller, et une grande qu’on a laissée dans son casier pour se sécher complètement à la fin. Les nouveaux initiés doivent savoir qu’il est vu de mauvais œil de plonger la petite serviette dans l’eau du bain commun. Il faut donc la poser sur le rebord, ou sur sa tête comme le font les habitués.
Avant de se tremper dans la baignoire, il faut se nettoyer des pieds à la tête. Des robinets, tabourets et bassines sont disposés en rangée dans une partie de la salle pour que les baigneurs puissent se laver. Beaucoup de sentô sont également équipés de douchettes. Après s’être lavé et rincé, on peut se diriger vers l’une des grandes baignoires. Comme l’eau peut être très chaude, il est possible de s’accommoder à la température du bain en se versant de l’eau à l’aide d’un sceau.
(Pour plus de détails en photos, voir notre article : Comment prendre un bain dans un sentô ? Les fondamentaux à savoir)
Vue du mont Fuji
Deux des symboles les plus reconnaissables des sentô sont leurs cheminées et les représentations du mont Fuji dans les salles de bains. Les cheminées imposantes des bains publics sont facilement reconnaissables même de loin. Celles-ci ont un double rôle : la ventilation de la vapeur des bains et aussi celle issue des chaudières utilisées pour chauffer l’eau. L’autre caractéristique est la présence d’une peinture majestueuse du mont Fuji ornant l’un des murs de la salle de bains. Cet aspect distinctif de la culture des bains publics à la japonaise est cependant en train de disparaître lentement au fur et à mesure que le nombre de sentô diminue. À l’heure actuelle, seuls trois artistes se consacrant à la création de ces peintures emblématiques exercent encore leur art.
Pour les amateurs de culture pop, le manga Thermae Romae de Yamazaki Mari peut servir d’introduction ludique à la culture japonaise des bains publics. Cette série, également adaptée au cinéma, raconte l’histoire d’un architecte romain qui se retrouve, après un voyage dans le temps et l’espace, transporté dans un sentô du Japon moderne. Il y découvre les solutions à des problèmes auxquels il faisait face dans son époque.
Les premiers bains publics connus sont les bains à vapeur établis dans les grands complexes de temples durant l’époque de Nara (710-794). À la fin de l’époque de Heian (794-1192), les bains connus sous le nom de yuya ont commencé à apparaître à Kyoto. La popularité de ces établissements a progressivement augmenté au cours des siècles. Dès le début de l’époque d’Edo (1603-1868), chaque quartier de l’ancienne capitale se vantait d’avoir son propre yuya. Précurseurs des sentô modernes, ces bains publics ont été pris pour modèle par le réalisateur Miyazaki Hayao pour son long métrage d’animation, Le Voyage de Chihiro.
Les « super sentô »
Malgré le déclin progressif du nombre de sentô, les grands centres de bains, sortes de spa, ont continué à gagner en popularité. Appelés super sentô, ils disposent de saunas, de bains spécialisés et d’autres équipements uniques. Il y a même des super sentô qui proposent des installations de sports et de loisirs. De même, les kenkô land (grands complexes de spa) ont non seulement une multitude de bains mais sont aussi dotés d’espaces lounge, de services de massage, de restaurants et de salles de karaoké.
Pour les Japonais, la raison d’aller aux bains publics n’est pas seulement pour se réchauffer en hiver ou pour se laver après une chaude journée d’été, mais surtout pour se détendre et remettre le corps et l’esprit en forme.