L’examen d’entrée à l’université japonaise
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Une préparation qui démarre dès le primaire
Chaque année, les universités sélectionnent leurs nouveaux étudiants à travers le filtre qu’est l’examen d’entrée. Il existe même un terme, « juken », pour désigner cette épreuve qui détermine quelle université l’étudiant intégrera en avril, à la rentrée scolaire. Quand on sait que l’université où l’on a fait ses études est un critère social déterminant, on comprend l’importance de cet examen. Depuis la période de forte croissance des années 1960-70, sortir d’une grande université est le garant d’un solide statut social et d’un travail bien rémunéré. Aujourd’hui, avec la baisse de la natalité, les examens deviennent moins difficiles, et, dans un contexte de globalisation, de plus en plus de jeunes Japonais partent étudier à l’étranger.
Pour un lycéen, intégrer l’une des nombreuses universités du Japon (782 en 2013) n’est pas difficile en soi. Ce qui l’est, c’est de réussir l’examen des universités les plus prestigieuses ; la plupart des candidats élus viennent de « shingakkō », des établissements réputés pour la qualité de leur préparation et un taux de réussite élevé aux examens les plus ardus. C’est dans ce contexte que certains parents préfèrent envoyer dès le primaire leur progéniture dans le privé plutôt que dans un établissement public pourtant gratuit, dans l’espoir de leur assurer la réussite.
Ce phénomène de compétition de plus en plus précoce a donné naissance à des établissements « ascenseurs » proposant une préparation à l’examen d’entrée à l’université tout au long des neuf années de scolarité obligatoire (6 à 15 ans). Les parents qui ne veulent rien laisser au hasard inscrivent leurs bambins de cinq ans à l’examen d’entrée à ces établissements.
Depuis 2011, l’enseignement de l’anglais a été renforcé avec 35 unités de valeur annuelles obligatoires en 5e et 6e années d’école primaire ; l’intérêt pour les langues étrangères aussi se renforce (voir notre article : Le mauvais enseignement de l’anglais au Japon).
Plus de 500 000 de candidats réunis le même jour
L’examen des universités privées consiste en général en une série d’épreuves obligatoires et facultatives. On peut séparer les étudiants en deux grandes catégories, les « scientifiques » qui choisissent les mathématiques, la physique, etc., et les « littéraires » qui préfèrent l’étude du japonais et des sciences sociales. Les matières varient selon la faculté visée.
Ceux qui souhaitent intégrer une université publique devront en outre passer un examen national, le « sentaa shiken » (examen central) qui porte sur toutes les matières, scientifiques comme littéraires, avec des épreuves d’anglais, de mathématiques, de physique, de japonais et de sciences sociales. Les frais d’inscription s’élèvent à 18 000 yens.
Le nombre de candidats varie selon les années, en moyenne 550 000 actuellement (source : Rapport sur les fondamentaux scolaires du ministère de l’Éducation). C’est autant de monde réuni dans une multitude d’amphithéâtres pour passer l’examen qui a lieu pendant un week-end de la mi-janvier. Si le résultat est positif, l’étudiant passe un second examen pour décrocher son admission à une université précise. En revanche, avec une note inférieure à un certain seuil, cela n’est parfois pas possible. Pour les universités privées, les candidats n’ont pas besoin de passer l’examen central.
Un nombre insuffisant d’étudiants dû à la baisse de la natalité
Ces dernières années, le faible nombre de naissances a provoqué des changements : certaines universités peinent à attirer suffisamment d’étudiants, et le nombre de candidats est en repli dans l’ensemble. Le Conseil éducatif central, organisme consultatif du ministère de l’Éducation, projette une réforme radicale du système de sélection dans les lycées et les universités.
Étudier à l’étranger constitue une autre option, mais les Japonais semblent de plus en plus réticents (voir notre article : Pourquoi les jeunes Japonais ne cherchent-ils plus à étudier à l’étranger ?).
Les écoles de préparation
Bien entendu, de bonnes notes sont synonymes de réussite ; il est donc aujourd’hui de mise, à l’approche de l’examen, de suivre, en plus des cours du lycée, une préparation dans un établissement spécialisé. Pour la plupart des jeunes Japonais, il s’agit du premier défi majeur de leur vie, que tous relèvent corps et âme.
Les étudiants qui ont échoué mais veulent à tout prix intégrer l’université de leur choix consacrent une année supplémentaire à la préparation de l’examen. On les appelle les « rônin », comme autrefois les samurais sans seigneur, un terme parfois précédé du nombre de tentatives – et donc d’années –, ce qui donne : 1浪 (ichirô), 2浪 (nirô) etc. Dans les universités les plus réputées, il n’est pas rare que les étudiants préparent trois ou quatre années de suite l’examen d’entrée à la faculté de médecine.
Malgré la diminution de la population étudiante, dans les universités de renom, le nombre de candidats est toujours largement supérieur au nombre d’élus ; la compétition pour intégrer les meilleures universités est toujours d’actualité.
(Photo de titre : des candidats à l’examen central dans un amphithéâtre du campus Hongô de l’Université de Tokyo. Jiji press)
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