La calligraphie japonaise « shodô », la voie de l’écriture
Culture Art- English
- 日本語
- 简体字
- 繁體字
- Français
- Español
- العربية
- Русский
Le shodô (littéralement la « voie de l’écriture ») est une calligraphie japonaise qui trouve son origine en Chine, là où sont nés les idéogrammes appelés kanji. On peut comparer évidemment le shodô à la calligraphie chinoise, mais il s’en démarque par l’utilisation au Japon de deux systèmes d’écriture : les kanji et les kana, des phonogrammes dérivés de kanji inventés par les Japonais vers le IXe siècle. Les travaux calligraphiques y sont autant estimés que les œuvres de la peinture. Mais n’oublions pas que cet art possède aussi un sens philosophique le plus souvent influencé par le bouddhisme zen.
Il y a au Japon des organisations de shodô à vocation purement artistique et d’autres de nature pédagogique. L'acteur des premières est le Nihon bijutsu tenrankai (l'Association pour l'organisation d'expositions des Beaux-Arts), dit Nitten, qui organise au niveau national des expositions d’œuvres créées par le grand public, et les innombrables associations de calligraphes qui se rassemblent au niveau local. Les deuxièmes sont les organisations pédagogiques qui s’efforcent à diffuser le shodô en proposant des examens de certification (il y a des dan et des kyû comme pour les arts martiaux).
Un regain de popularité auprès des jeunes
Depuis longtemps, la lecture, l’écriture et l’arithmétique (yomi-kaki-soroban) ont été la base des études au Japon. Pendant la période d’Edo, les enfants se rendaient aux terakoya (temples-écoles) pour y recevoir leur éducation. Tout en apprenant à lire et à écrire, ils forgeaient leur caractère en traçant des kanji harmonieux, assis droit sur le sol en position seiza, le cœur apaisé. Il existe aujourd’hui beaucoup de classes de calligraphie. Ces cours sont obligatoires en primaire et au collège ; ainsi les Japonais font l’expérience du shodô au moins une fois dans leur vie.
Malheureusement, peu sont les personnes qui reprennent le pinceau après l’éducation obligatoire. Mais il faut noter que de plus en plus de jeunes calligraphes (shodôka ou shoka) apparaissent à la télévision et dans les magazines. Au sein de cette nouvelle vague, Kanazawa Shôko, une jeune femme trisomique, brille par l’excellence de ses œuvres. Sa calligraphie Fûjin raijin réalisée en 2009, est exposée en permanence à côté de la célèbre paire de paravents du temple Kennin-ji à Kyoto, qui représente les dieux du Vent et du Tonnerre (Fûjin raijin zu), classée trésor national du Japon.
Nombreux sont les jeunes calligraphes qui sortent du traditionnel concept d’écrire des kanji sur du papier pour délivrer des spectacles originaux. Il y a même des calligraphes aux apparences de mannequin de mode qui sont évidemment très populaires. Des manga, des séries TV et des films sur le shodô connaissent le succès. Il n’est pas exagéré de parler d’un nouveau boom du shodô.
Le championnat national de shodô des lycées, véritable graal des clubs de shodô de tous les lycées du Japon, est un grand événement qui rassemble chaque fois des milliers de spectateurs. Il est organisé tous les étés dans le cadre du festival organisé par la ville de Shikoku-Chûô dans la préfecture d’Ehime.
Lors de ce tournoi, des équipes composées de dix lycéens réalisent leur calligraphie sur des feuilles géantes de 4 mètres sur 6. Les équipes dansent et tapent des mains au rythme de la musique jouée dans la salle. La calligraphie et le spectacle délivré par chaque équipe sont pris en compte dans le jugement final. C’est définitivement une compétition à regarder de plus près pour tous ceux qui ont un goût pour la calligraphie, car elle allie tradition et modernisme pour créer un spectacle plein de vitalité.
temple éducation Chine spectacle tradition Edo enfant kanji art jeune calligraphie