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Huit ans après Fukushima et le tsunami : où en est la reconstruction des zones sinistrées ?

Société Catastrophe

Huit années se sont écoulées ans depuis le séisme et le tsunami du nord-est du Japon du 11 mars 2011. Nous faisons le point sur la situation des zones sinistrées de la région côtière du Pacifique, notamment de Fukushima, et le processus de reconstruction et les travaux de démantèlement de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi. De plus, cette année passée marque un tournant sur le point juridique : l'État japonais et la compagnie d’électricité Tepco ont perdu en première instance plusieurs procès intentés par les victimes et leurs familles.

Rétrécissement progressif de la zone d'évacuation de Fukushima

Les consignes d’évacuation n’ont pas encore été levées concernant certaines municipalités autour de la centrale de Fukushima Daiichi, incluant celles de Futaba, Ôkuma et une partie de celle de Namie.

Les zones d’évacuation sont divisées en trois types. Zone 1 : interdiction indéfinie d’habitation, avec taux de radioactivité élevé. Zone 2 : interdiction provisoire d’habitation. Zone 3 : levée des consignes d’évacuation en préparation. Depuis avril 2014, ces zones, composées de 11 municipalités autour de la centrale, se rétrécissent graduellement, permettant aux habitants de retrouver leur foyer (

voir notre article lié

).

Les consignes d’évacuation devraient cependant être partiellement levées en avril prochain dans la municipalité d'Ôkuma (10 000 habitants), dans laquelle est située la centrale de Fukushima Daiichi. Le nouveau bâtiment qui accueillera la mairie est en construction dans le district d'Okawara, à l'ouest de la ville. Huit ans après la catastrophe, une partie des évacués pourront enfin retourner dans leur municipalité.

Selon les données de la préfecture de Fukushima du mois de janvier 2019, près de 42 000 personnes sont contraintes de vivre dans des logements autres que leur résidence principale, dont plus de 32 000 en dehors de la préfecture. La décontamination des habitations et des installations publiques est en grande partie achevée et la dose de rayonnement dans l'air diminue progressivement.

Démantèlement de la centrale : premier contact avec du combustible fondu

Les travaux de démantèlement se poursuivent dans la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, qui a été à l’origine de la pire catastrophe nucléaire de l’histoire. Des robots avaient été utilisés en 2017 pour pénétrer dans l'enceinte de confinement des réacteurs 1, 2 et 3. En février 2019, un robot est parvenu à entrer en contact avec du débris de combustible nucléaire, qui a fondu dans l'enceinte de confinement du réacteur 2.

En septembre 2017, pour la première fois depuis deux ans, le gouvernement et la compagnie d’électricité Tepco ont renouvelé leur programme de démantèlement de la centrale :

– Milieu de l’année 2019 : choix de la méthode de récupération des débris nucléaires ainsi que du premier réacteur dans lequel sera lancée cette opération (prévu à l’origine durant l’année 2018).

– Courant 2023 : lancement des opérations de récupération du combustible usé stocké dans les piscines d’entreposage des réacteurs 1 et 2 (prévu à l’origine en 2020).

– Entre 2030 et 2040 : mis hors service total de la centrale (comme prévu à l’origine).

Condamnations successives de l'État japonais et Tepco

En l'espace d'un an, plusieurs recours collectifs ont été déposés par des personnes évacuées contre l'État et Tepco, la compagnie qui exploitait la centrale. Ces procès ont donné lieu à des jugements en première instance ordonnant aux accusés de verser des dommages-intérêts aux victimes (voir notre article lié).

Dans un procès intenté par 60 ménages (175 personnes) évacués dans la préfecture de Kanagawa, le tribunal du district de Yokohama a ordonné le 20 février 2019 à l'État et Tepco de verser des compensations à hauteur de 420 millions de yens (3,3 millions d'euros) à 152 plaignants. Le tribunal a jugé qu'il avait été possible, avant le séisme de mars 2011, de prévoir une éventuelle inondation de la centrale nucléaire en cas d'un important tsunami et a par conséquent estimé que l'État et Tepco avaient fait preuve de négligence dans leur responsabilité de prévoir des mesures contre des accidents graves.

Le procès pénal de trois anciens dirigeants de Tepco – dont l'ancien président Katsumata Tsunehisa –, accusés de « négligence ayant entraîné la mort », se poursuit au tribunal du district de Tokyo. En décembre dernier, le procureur avait requis une peine de 5 ans de prison ferme. Le jugement devrait être prononcé le 19 mars.

(Photo de titre : horloge extérieure de l'ancienne mairie de la ville sinistrée d'Ôtsuchi, préfecture d'Iwate. La municipalité a décidé de démolir le bâtiment, mais certains des habitants demandent qu'il soit préservé. Le 15 janvier 2019, Jiji Press)

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