Comment vivre pour soi-même ?

Écouter la colère profonde de son cœur, une nécessité absolue pour être heureux

Société

Izumiya Kanji [Profil]

Faut-il considérer la colère comme un sentiment détestable ? Tout comme le chagrin, elle fait partie des émotions enfouies au plus profond de notre cœur. Mais si on leur prête l’oreille attentivement, elles sont réellement capables de nous libérer de nos souffrances, et de libérer le plaisir et la joie. Tel est le thème du message que le psychiatre japonais Izumiya Kanji nous convie à lire.

Des statues pour représenter les émotions profondes

Je voudrais maintenant illustrer mon propos avec des sculptures bouddhiques et hindoues qui, à mon avis, montrent d’une façon on ne peut plus claire comment les émotions profondes issues du cœur peuvent être des expressions de l’amour.

La statue ci-dessous représente Fudô Myôô, une divinité bouddhique associée au feu et à la colère. Son visage courroucé et la fermeté de son attitude sont un exemple parfait de la toute puissance de la colère face aux pressions des désirs et de l’ego.

Statue de Fudô Myôô (littéralement « roi de science immuable ») du temple Hannya-ji de Nara.

Le meilleur symbole de la compassion prônée par le bouddhisme envers la faiblesse et la misère est le bodhisattva, une divinité bienveillante qui a renoncé à entrer dans le nirvana afin de se consacrer au salut des êtres plongés dans la souffrance.

Une statue de bodhisattva au visage particulièrement paisible et empreint de compassion.

Les effigies qui montrent le dieu hindou Shiva dansant au son de divers instruments donnent une image idéale de la joie et du plaisir.

Shiva, une divinité dotée de quatre bras, en train d’exécuter une danse cosmique appelée nadanta (littéralement « danse de la félicité »).

Les représentations anciennes de déités bouddhiques et hindoues contribuent à prouver que les affects qui procèdent de l’amour, qu’il s’agisse de la colère, du chagrin, de la joie ou du plaisir, doivent toutes faire l’objet du plus grand respect, sans la moindre discrimination.

Si l’on n’établit pas une nette distinction entre les émotions profondes et superficielles, que se passe-t-il ? On finit par commettre l’erreur de considérer la colère et le chagrin comme des sensations négatives qui doivent être réprimées… C’est d’ailleurs ce que font la plupart des gens. Par conséquent, ils referment la porte de leur cœur, et stoppe ainsi toute communication avec lui.

Suite > L’importance capitale de la colère

Tags

psychanalyse développement personnel

Izumiya KanjiArticles de l'auteur

Psychiatre, mais aussi compositeur, il étudie la médecine à l’Université du Tôhoku puis travaille notamment à l’hôpital Seiwa rattaché à l’Institut de la neurologie. En 1999, il part étudier à l’École normale de musique de Paris, et il travaille aussi comme psychologue à l’École japonaise de Paris. Il ouvre à Tokyo en 2005 la Clinique Izumiya, spécialisée dans les psychothérapies. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont Futsû ga ii to iu yamai (« Vouloir être ordinaire », une pathologie), ou encore Shigoto nanka ikigai ni suruna (« Il ne faut pas vivre pour son travail »).

Autres articles de ce dossier