Réfléchir à la guerre

L’île de Peleliu, théâtre d’une bataille meurtrière entre le Japon et les États-Unis

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Nojima Tsuyoshi [Profil]

L’archipel des Palaos est aujourd’hui apprécié pour son écotourisme et ses efforts de protection de l’environnement. Mais nous oublions de plus en plus le passé de ces îles, en particulier celui de Peleliu, qui a été le théâtre d’une des batailles les plus meurtrières de la guerre du Pacifique.

Ressentir l’intensité des combats

Bien que l’armée américaine ait pris le contrôle de l’aérodrome et de la vaste majorité de l’île, les troupes japonaises continuaient à se cacher dans les grottes. La nuit tombée, ils menaient sans relâche de nombreuses attaques guérillas. Alors que l’Armée impériale japonaise essuyait défaite après défaite pendant la guerre du Pacifique, les soldats sur Peleliu ont brillé par leur acharnement, à tel point que l’empereur a récompensé à 11 reprises leurs efforts. L’île de Peleliu, située à 3 000 kilomètres du Japon, a ainsi été surnommée « l’île de l’empereur ».

Même après la capitulation du Japon, une partie des soldats japonais toujours vivants sur Peleliu, une poignée de 34 hommes, ont continué de se cacher dans les grottes. Ils se sont battus plusieurs mois en survivant grâce à des conserves volées aux soldats américains. Ces derniers ont tenté de les convaincre que la guerre était finie, mais ils ne les écoutaient pas.

Une stèle érigée sur le site d’Ôyama où le colonel Nakagawa s’est donné la mort.

Lorsqu’on évoque la bataille de Peleliu, on dit souvent que les Japonais ont livré un beau combat face aux Américains, et leur ont fait souffrir de lourdes pertes. Cependant, il ne sert à rien de faire les louanges d’une bataille qui a eu lieu dans le contexte d’une guerre insensée contre le monde. Mais j’ai tout de même ressenti un profond respect envers ces ancêtres qui se sont battus jusqu’au dernier moment pour protéger leur patrie et leurs familles, en risquant leur vie dans un environnement extrêmement difficile.

D’innombrables champs de bataille intacts subsistent sur Peleliu et l’île voisine d’Angaur. Le gouvernement des Palaos accorde une grande importance à l’écotourisme, mais ne met pas en avant la visite d’anciens champs de bataille. C’est une bonne chose car cela permet de conserver ces sites intacts. Ils représentent une opportunité précieuse de transmettre aux générations futures les cicatrices de la guerre.

Si vous visitez les Palaos, je vous recommande vivement de vous rendre à Peleliu : ses grottes, ses champs de bataille et ses épaves d’avion ou de char font partie de ces choses que l’on ne peut observer dans les musées, et qui nous font ressentir l’horreur de la guerre.

(Photos : Nojima Tsuyoshi. Photo de titre : le couple impérial déposant une gerbe sur le cénotaphe de la guerre du Pacifique le 9 avril 2015.)

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Nojima TsuyoshiArticles de l'auteur

Journaliste né en 1968. Diplôme d'études supérieures en journalisme de l'université Sophia. Étudie également à l'université chinoise de Hong Kong et à l'université normale de Taïwan. Intègre le journal Asahi Shimbun en 1992. Étudie ensuite à l'université de Xiamen en Chine. Il est nommé directeur du bureau de Singapour et de Taipei et directeur adjoint du service international de Asahi. Il lance la version chinoise du Asahi Shimbun dont il devient le rédacteur en chef. Journaliste indépendant depuis avril 2016. Rédige des articles sur la politique, la culture et l'histoire de la Chine moderne et de ses pays voisins. Parmi ses ouvrages publiés : Rasuto Batarion Shô Kaiseki to nihon gunjintachi (« Dernier bataillon, Tchang Kaï-chek et les militaires japonais », chez Kôdansha) et Taiwan to ha nanika (« Qu'est-ce que Taïwan », chez Chikuma Shinsho).

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