Réfléchir à la guerre

L’île de Peleliu, théâtre d’une bataille meurtrière entre le Japon et les États-Unis

Société Tourisme

L’archipel des Palaos est aujourd’hui apprécié pour son écotourisme et ses efforts de protection de l’environnement. Mais nous oublions de plus en plus le passé de ces îles, en particulier celui de Peleliu, qui a été le théâtre d’une des batailles les plus meurtrières de la guerre du Pacifique.

La « grotte aux mille hommes »

J’ai quitté à l’aube le port de Koror pour Peleliu. Nous n’étions que quatre personnes à participer à cette visite, probablement parce que c’était un jour de semaine en basse saison. Nous avons effectué la traversée en bateau à moteur, éclaboussés par les embruns. Arrivés sur l’île, nous nous sommes tout d’abord rendus à la « grotte aux mille hommes », un dédale de grottes ayant servi d’hôpital de campagne pour les troupes japonaises, et dans lequel elles s’y sont cachées quand l’armée américaine est arrivée.

L’entrée de la « grotte aux mille hommes », qui a servi aussi d’hôpital de campagne pour les soldats japonais.

Le sol volcanique de l’île est traversé par de nombreuses grottes connectées entre elles par des tunnels, formant un vaste labyrinthe souterrain. Lors de la bataille de Peleliu, la stratégie adoptée par l’armée japonaise a été de fortifier ces grottes pour faire face aux bombardements américains et organiser des embuscades. Cette stratégie a été établie par le colonel Nakagawa Kunio, originaire de la préfecture de Kumamoto, qui était chargé de la défense de l’île.

Convaincu qu’il fallait « se battre jusqu’au dernier soldat », Nakagawa n’a pas eu recours aux attaques dites « banzaï » (attaques suicides massives) souvent utilisées par l’armée japonaise pendant la Seconde Guerre mondiale.

La « grotte aux mille hommes » est ainsi appelée car elle était suffisamment vaste pour accueillir les troupes japonaises présentes sur l’île. En m’y aventurant à l’intérieur, je constate des bouteilles de bière jetées çà et là. Il semble que les soldats buvaient de la bière à la place de l’eau et se servaient des bouteilles vides pour en faire des cocktails Molotov. Il y a aussi des douilles et des bandages sur le sol. Le champ de bataille est intact : rien n’a été touché après toutes ces décennies. Sans oublier les entrées des grottes, qui ont été complètement noircies par les lance-flammes de l’armée américaine.

Différents objets toujours présents dans les grottes : bouteilles de bières, douilles, bandages, etc.

Ce que les soldats japonais redoutaient le plus n’étaient pas les lance-flammes, mais les bulldozers. Si ces derniers parvenaient à bloquer les entrées des grottes avec de la terre et des pierres, les troupes japonaises se retrouvaient enterrées vivantes. Au total, la bataille de Peleliu a fait 12 000 morts, dont 10 000 victimes japonaises. Il y a près de 2 500 corps de soldats japonais qui n’ont pas encore été trouvés. La plupart gisent sans doute quelque part dans les dédales souterrains de l’île.

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