La situation actuelle des yakuza

Le tueur en série de Zama : un monstre issu des ténèbres de Kabuki-chô

Société

Le 30 octobre 2017, la police japonaise a trouvé neuf corps dépecés à l’intérieur d’un appartement de la ville de Zama, dans la grande banlieue de Tokyo. Elle a aussi arrêté le meurtrier présumé, Shiraishi Takahiro, un ancien « recruteur » d’hôtesses pour Kabuki-chô, le quartier chaud de Shinjuku, à Tokyo. C’est dans cet univers obscur que l’assassin a développé les techniques qui lui ont permis de leurrer ses victimes, des jeunes japonaises aux tendances suicidaires, par le biais de Twitter et d’autres applications. Dans l’article qui suit, nous vous proposons de découvrir le monde des recruteurs et la façon dont il a évolué à la suite des mesures sévères prises par le gouvernement.

Le nouveau visage de Kabuki-chô

Kabuki-chô doit son nom (littéralement « quartier du kabuki ») à un projet d’y construire un théâtre de kabuki n’ayant jamais abouti. Entièrement détruit pendant la Seconde Guerre mondiale, il est réapparu sous la forme d’un quartier de plaisirs rempli de bars, de restaurants et de boîtes de nuit. L’endroit est devenu si mal famé que les autorités ont dû intervenir à plusieurs reprises et contrôler sévèrement les activités des racoleurs notamment par des arrêtés municipaux. L’an 2000 a constitué un tournant décisif dans l’histoire de ce quartier. La préfecture de Tokyo, avec à sa tête Ishihara Shintarô – gouverneur de 1999 à 2012 –, a en effet procédé à une grande opération de nettoyage de Kabuki-chô incluant l’installation de caméras de surveillance, la fermeture des boîtes de nuit illégales, l’expulsion des membres de la mafia japonaise (yakuza) et la répression des agissements des rabatteurs. Du coup, le quartier a changé de visage, en particulier en termes de sécurité.

Une descente de la police municipale et d’autres services de sécurité de Tokyo, dans le quartier chaud de Kabuki-chô, arrondissement de Shinjuku, à Tokyo, en avril 2003. (Jiji Press)

À partir d’avril 2005, la ville de Tokyo a pris de nouveaux arrêtés visant notamment les activités illicites de Kabuki-chô. Les rassemblements le long des rues ont été interdits et de nombreux établissements non conformes ont été contraints de limiter les prestations offertes à leurs clients et de contourner la loi pour pouvoir continuer à faire prospérer leur commerce.

Dans le même temps, il est devenu impossible pour les organisations criminelles japonaises (bôryokudan) et étrangères d’agir ouvertement. Les lois et les décrets contre le crime organisé ont été accompagnés de mesures destinées à mettre fin au racket exercé par les groupes mafieux sur les établissements des quartiers chauds. La police s’est aussi efforcée de chasser les gangs étrangers, ce qui a provoqué la fermeture de nombreux clubs appartenant à des Chinois et des Coréens.

Les mesures répressives contre les yakuza et les organisations mafieuses étrangères ont laissé un vide qui a entrainé l’apparition d’un nouveau type de bandes de délinquants, les hangure, beaucoup moins structurées et donc plus difficiles à repérer.

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