La situation actuelle des yakuza

Le tueur en série de Zama : un monstre issu des ténèbres de Kabuki-chô

Société

Le 30 octobre 2017, la police japonaise a trouvé neuf corps dépecés à l’intérieur d’un appartement de la ville de Zama, dans la grande banlieue de Tokyo. Elle a aussi arrêté le meurtrier présumé, Shiraishi Takahiro, un ancien « recruteur » d’hôtesses pour Kabuki-chô, le quartier chaud de Shinjuku, à Tokyo. C’est dans cet univers obscur que l’assassin a développé les techniques qui lui ont permis de leurrer ses victimes, des jeunes japonaises aux tendances suicidaires, par le biais de Twitter et d’autres applications. Dans l’article qui suit, nous vous proposons de découvrir le monde des recruteurs et la façon dont il a évolué à la suite des mesures sévères prises par le gouvernement.

Les différents types de recruteurs

On peut classer les recruteurs en trois groupes suivants qu’ils sont indépendants, qu’ils travaillent pour un cabaret ou un établissement de plaisir, ou qu’ils sont employés par une agence. Shiraishi Takahiro faisait partie de la troisième catégorie, la plus importante, celle qui régente « l’avenue du racolage » menant de la gare de Shinjuku à Kabuki-chô. Les agences de recrutement se sont soigneusement réparti les lieux en délimitant leur territoire respectif. Chacune d’elles est censée cantonner ses activités au bloc qui lui est imparti. Les rabatteurs sont rémunérés uniquement à la commission et ce qu’ils touchent dépend du type d’établissement concerné, les bars à hôtesses (kyabakura ou cabarets-clubs), les salons de massage érotique avec bain « soapland » ou sans bain « fashion health »...

Les cabarets-clubs paient leurs recruteurs en un seul versement dont le montant varie en fonction de l’apparence physique, de l’expérience et du succès des filles qui sont classées en quatre catégories S, A, B ou C. Une agence gagne entre 50 000 (environ 377 euros) et 200 000 yens (environ 1 507 euros) par hôtesse et un rabatteur, 60 à 70 % de ce montant. Le paiement intervient en général au bout du dixième jour de travail de la nouvelle recrue.

Dans les établissements offrant des prestations à caractère sexuel comme les salons « soapland » ou « fashion health », les choses sont un peu différentes. L’agence de recrutement et le racoleur perçoivent automatiquement 10 à 15 % des revenus de la masseuse tant que celle-ci continue à exercer sur place. Ce système est le même que pour les films pornographiques à ceci près que la maison de production verse au total 40 à 50 % du salaire de l’actrice à l’agence et au rabatteur. Si celle-ci devient une vedette, elle assure à son découvreur de gros profits pendant un certain temps.

Mais à l’heure actuelle, la majorité des recruteurs sont forcés de revoir leurs ambitions à la baisse. Si un petit nombre d’entre eux arrive à se faire autour de 300 000 yens (environ 2 260 euros) par mois, la plupart doivent se contenter de 200 000 yens (environ 1 507 euros). Par ailleurs, les frais engagés pour convaincre les filles en les invitant au café ou au restaurant sont entièrement à leur charge. D’après le patron d’une agence de recrutement, « les racoleurs sont pris dans une spirale infernale. Ceux qui gagnent de l’argent continuent à en ramasser de plus en plus alors que ceux qui sont dans le cas inverse ne cessent de s’enfoncer. »

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