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Retour à Hiroshima et Nagasaki
Après la bombe atomique sur Nagasaki...
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Depuis des siècles, Nagasaki, ville portuaire, s’était développée comme la porte d’entrée du Japon pour les navires étrangers. L’ouverture du port en 1570 par Ômura Sumitada, que l’on considère comme le premier daimyô (seigneur féodal) chrétien, permit à Nagasaki de se développer comme plaque tournante des échanges avec le Portugal et la Chine.
Bien que le christianisme ait été interdit pendant toute la période d’Edo, Dejima, une île artificielle devant Nagasaki, était le seul port de commerce autorisé par le shogunat à accueillir les navires étrangers. Par cette porte la culture de l’Europe s’introduit dans l’Archipel. L’influence sensible de la culture étrangère, tout comme les nombreuses rues en pente, donnent à Nagasaki une atmosphère quelque peu différente des autres villes du Japon.
La bombe fut larguée sur Nagasaki pour cause de mauvais temps à Kokura
Réplique du modèle Fat Man qui fut largué sur Nagasaki.
Le 25 juillet 1945, les États-Unis avaient établi une liste de quatre villes susceptibles d’être prises pour cible de leurs bombardements atomiques : Hiroshima, Kokura (l’actuelle Kita-Kyûshû), Nagasaki et Niigata. Le 6 août, une bombe A à l’uranium est larguée sur Hiroshima. Trois jours plus tard, ils décident de lâcher une nouvelle bombe, au plutonium cette fois, et réduisent leur choix à Kokura ou Nagasaki.
Ce jour-là, le temps était couvert sur Kokura, et la visibilité était encore réduite du fait de la fumée des bombes incendiaires classiques lâchées précédemment. En conséquence de quoi, le bombardier changea de cap et se dirigea vers le choix n° 2 : Nagasaki.
En outre, la bombe fut déviée par le vent, et tomba sur le quartier d’Urakami, et non pas sur les usines de munitions de Mitsubishi, qui était l’objectif essentiel.
Or, Urakami était un quartier où, depuis l’époque d’Edo, se cachaient des chrétiens pour échapper à l’oppression. 8 500 des 12 000 chrétiens de la paroisse périrent ce jour-là. En particulier, plusieurs dizaines de croyants, y compris le prêtre, qui se trouvaient dans la cathédrale d’Urakami, à 500 m du point zéro, furent tous tués instantanément.
(Voir par ailleurs notre article sur les chrétiens cachés du Japon)
Près de 62 % des habitants victimes de la bombe
Sur les 73 884 morts avant la fin de l’année 1945 des suites de la bombe, 65 % étaient des personnes âgées, des femmes et des enfants. 74 909 furent blessés. La population totale de la ville à l’époque était de 240 000 habitants. Ce sont donc près de 62 % des habitants de la ville qui furent directement victimes de la bombe (selon les données des Archives de la bombe atomique de Nagasaki).
À ces victimes japonaises, il faut ajouter les victimes étrangères : de 12 000 à 13 000 Coréens, environ 650 Chinois, et 200 d’autres nationalités. Le nombre exact n’est toujours pas établi avec certitude.
En raison de la configuration géographique de la ville de Nagasaki, entourée de montagne, le souffle et la chaleur restèrent concentrés, et les dégâts furent relativement moins importants qu’à Hiroshima. Si l’explosion avait eu lieu en terrain plat (comme par exemple à Kokura), les dégâts auraient été vraisemblablement beaucoup plus grands.
Les statistiques du ministère de la Santé, du Travail et des Affaires sociales donnent le nombre des survivants actuels des bombes de Hiroshima et Nagasaki (les hibakusha), à travers le nombre de détenteurs du Carnet de santé spécial des victimes des bombes atomiques. La définition officielle du statut de hibakusha, précisée par la Loi d’aide aux survivants révisée en 1994, comprend 4 catégories : les irradiés directs, les irradiés indirects, les personnes touchés par la radioactivité en effectuant une opération de sauvetage d’irradiés ou de traitement des cadavres irradiés, et les enfants des 3 catégories précédentes nés d’une mère qui était enceinte quand elle fut irradiée.
Selon les dernières statistiques publiées par le ministère, à la date de fin mars 2015, le nombre des hibakusha était de 183 519 personnes, en baisse de 9 200 personnes par rapport à l’année précédente. La moyenne d’âge des survivants est de 80,13 ans, et dépasse pour la première fois les 80 ans.
M. Karukaya Ken, du Musée de la bombe atomique de Nagasaki déclare : « Les survivants vieillissent, un jour viendra où il n’en restera plus un seul. L’une des questions essentielle aujourd’hui est comment se transmettra la mémoire des faits concernant la bombe ».
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