Retour à Hiroshima et Nagasaki

Nagai Takashi, un médecin au cœur du bombardement atomique de Nagasaki

Société

Le 9 août 1945, une bombe atomique était larguée sur Nagasaki. À l’hôpital de l’Université de Nagasaki, pourtant situé à 700 mètres de l’épicentre, de nombreuses personnes furent irradiées. Nagai Takashi, l’un des médecins, participa aux opérations de secours malgré une grave blessure à la tête. Converti au christianisme, Nagai Takashi a également laissé à la postérité d’importantes notes sur les dégâts causés par le bombardement atomique.

À mi-pente d’une côte proche de la Statue pour la Paix, un symbole de la ville de Nagasaki ravagée par la bombe atomique dans les derniers jours de la Seconde Guerre mondiale, se dresse une minuscule maison en bois. C’est là que Nagai Takashi, atteint d’une leucémie, a fini ses jours, et aussi à cet endroit que pendant quatre ans et demi, il a rédigé 17 livres, dans cette demeure qu’il avait lui-même baptisée Nyokodô (Amour du prochain) en référence à l’Évangile selon saint Marc : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » (12, 31).

Le quartier d’Urakami, où vivait Nagai, a accueilli de nombreux chrétiens du XVIIe au XIXe siècle, durant toute la période où ils furent persécutés ; il a aussi été durement frappé par le bombardement.

Les écrits de Nagai qui n’a eu de cesse de sauver son prochain alors qu’il avait lui-même été irradié, sont des documents précieux sur les conséquences du bombardement atomique, mais ils sont également le message d’amour universel d’un chrétien épris de paix.

Une vie en sursis avant la bombe

Nagai Takashi ausculté au Nyokodô (Mémorial Nagai Takashi)

Nagai Takashi est né en 1908 à Matsue (préfecture de Shimane). Diplômé de la faculté de médecine de Nagasaki, il se spécialise en radiologie ; son travail de radiologue pendant la guerre, à une époque où la tuberculose fait rage et où les installations sont insuffisantes, lui cause une leucémie. En juin 1945, à l’âge de 38 ans, deux mois avant le bombardement atomique, il apprend qu’il ne lui reste plus que trois ans à vivre.

Le jour où la bombe atomique est larguée sur Nagasaki, il travaille à l’hôpital. Irradié, il a l’artère temporale droite sectionnée. Son épouse est morte chez eux, brûlée vive. Nagai dépeint ainsi les heures suivant le bombardement : « C’est l’enfer, l’enfer total. Plus personne ne geint, c’est le monde des morts. » (Les cloches de Nagasaki)

C’est le lendemain, en lisant les tracts largués par l’armée américaine, qu’il apprend que la ville a été frappée par une bombe atomique. Quand le spécialiste en radiologie qu’il est lit ce tract, il pâlit : il savait que les Américains essayaient de mettre au point une bombe atomique, mais il ignorait qu’elle serait prête aussi vite.

Dans les heures suivant le bombardement, Nagai s’emploie à secourir les autres victimes, la tête bandée d’un simple linge. Il réunit ensuite les cendres de sa femme pour célébrer ses funérailles, puis, le 12 août, il ouvre un dispensaire dans lequel, pendant 58 jours, il dirige une équipe médicale pour soigner les personnes irradiées. Lui-même frôle la mort durant cette période, mais se remet miraculeusement.

En juillet 1946, après avoir fait un malaise à la gare de Nagasaki, il est contraint de garder le lit. Il se met alors à écrire, allongé sur sa couche.

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