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Kurosawa Akira, une gloire mondiale à travers les affiches de ses films

Culture Cinéma

Si l’on devait désigner un seul ancêtre commun à tous les auteurs et artistes japonais qui sont de nos jours célèbres dans le monde entier, ce serait sans doute Kurosawa Akira. Il suffit de jeter un œil sur les affiches de ses chefs-d’œuvre à l’étranger pour saisir à quel point Kurosawa a été un cinéaste international, aimé et compris dans de très nombreux pays.

14 affiches des Sept samouraïs

M. Okada devant l’affiche ouest-allemande des Sept Samouraïs de Hans Hillmann de 1962.

C’est évidemment Les Sept Samouraïs (1954) qui est l’œuvre la plus représentée, avec des affiches en provenance de 14 pays. L’objet phare de cette exposition est une affiche composée de 8 feuilles format A0 (841x1 189mm) assemblées, de Hans Hillmann. Aucune trace d’une affiche de cette taille commandée par un distributeur allemand pour un autre film n’est certifiée, ce qui confirme, s’il en était encore besoin, la position exceptionnelle que représente Les Sept Samouraïs dans l’histoire du cinéma. Hillman a choisi d’exprimer la scène finale du combat des samouraïs et des bandits dans les cinq couleurs du symbole olympique. Et ici, pas la moindre trace de l’exotisme pourtant souvent présent lors de la représentation d’un film japonais. Six ans après la sortie du film sur les écrans, Hollywood produira Les Sept mercenaires, un western qui est en réalité un remake du film de Kurosawa. L’affiche espagnole des Sept samouraïs, produite après la sortie du film américain, joue d’ailleurs sur l’esthétique du western. À ne pas manquer également : deux affiches rares du film, l’une thaïlandaise, l’autre iranienne.

Une affiche espagnole (1965, signée Jano), et une autre argentine de 1957. Il est intéressant de remarquer que le film a reçu un titre différent dans ces deux pays de langue espagnole.

Les prouesses artistiques des affiches des films de Kurosawa

Un autre mérite de cette exposition, outre la façon dont ces affiches expriment leur compréhension de l’œuvre de Kurosawa, est d’en apprendre sur la différence de statut et de traitement de l’affiche de film dans les différents pays. Par exemple, pendant une longue période s’étendant avant et après la guerre, les affiches italiennes insistaient sur les codes de la représentation picturale, comme on peut le voir dans Le Château de l’araignée (1957). L’image de l’acteur Mifune Toshirô cloué par une volée de flèches est directement adaptée d’une photo de tournage fournie par la production japonaise, mais elle rajoute la couleur et le sang alors que l’original est en noir et blanc. Remarquer aussi le titre en caractères jaunes, couleur généralement utilisée pour les titres des films d’horreur dans ce pays.

À gauche : Le Château de l’araignée, affiche italienne de 1959, signée Carlantonio Longi. Au centre : La forteresse cachée (1958), affiche italienne de 1960, signée Luigi Martinati. En haut à droite, affiche danoise du même film de 1969, signée Nina Schiøttz. En bas à droite, version polonaise de 1968, signée Andrzej Piwonski.

À la même époque, les pays d’Europe de l’Est comme la Pologne ou la Tchécoslovaquie jouent beaucoup plus volontiers sur des motifs abstraits et le design. La version polonaise de l’affiche de La Forteresse cachée est typique de ce point de vue : ce n’est pas l’aspect « film d’action » qui est ici mis en avant. À Cuba, où peu d’affiches de cinéma étaient éditées, il existait une tradition de sérigraphie, qui permettait un véritable travail artistique, comme ici sur cette affiche de Barberousse (1965).

Impossible de parler de Kurosawa Akira sans parler de Mifune Toshirô, qui interpréta le rôle principal dans 16 des films de Kurosawa (voir notre article sur l’acteur). Les affiches étrangères aussi tirent parti du visage de Mifune. L’affiche américaine du Garde du corps (Yojimbo, 1961), qui fait de l’expression de Mifune une véritable épure, sort du lot de ce point de vue, et on peut dire que cette approche minimaliste reste unique dans les affiches de films de Kurosawa dans ce pays.

À gauche : affiche cubaine de Barberousse (1966, signée Eduardo Muñoz Bachs). À droite : affiche américaine du Garde du corps (1962).

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