Les frontières de la science

Un pionnier de la recherche sur les cellules souches

Science Technologie

Les cellules souches pluripotentes induites (iPS) ont deux caractéristiques majeures, d’une part la capacité à se différencier en n’importe quel type cellulaire et de l’autre, celle de proliférer de façon pratiquement illimitée. Le Centre de recherche et d’application des cellules souches induites (CiRA), qui a été créé en 2010 par l’Université de Kyoto, s’est spécialisé dans l’étude de ces cellules, tout en effectuant des recherches de pointe sur leur éventuelle utilisation dans la médecine régénérative.

Vers des applications thérapeutiques

« Nous savons que le recours aux cellules iPS pose un risque de formation de tumeurs » ajoute Takayama Naoya. « Mais les plaquettes et les globules rouges sont dépourvus de noyau et donc incapables de se diviser et de donner lieu à l’apparition de tumeurs. Ce qui revient à dire qu’on peut les utiliser en toute sécurité pourvu qu’on les transplante après une irradiation pour éviter la prolifération d’autres cellules. De ce point de vue, on peut dire que, dans le domaine de l’hématologie, la recherche en matière d’iPS devrait aboutir rapidement à des applications thérapeutiques. »

Des mégacaryocytes obtenus à partir de cellules iPS humaines (Photo : Takayama Naoya, professeur assistant, CiRA)

En fait, la médecine a besoin d’un grand nombre de plaquettes sanguines. D’après Takayama Naoya, des recherches sont en cours pour mettre au point une technique permettant d’obtenir des plaquettes stables. Il espère que, dans l’avenir, il sera possible de produire, à partir de cellules iPS, des cellules souches hématopoïétiques qui sont à l’origine de toutes les cellules sanguines. Cela permettrait de soigner les maladies du sang contre lesquelles il n’y a pas encore de traitement efficace.

On peut aussi obtenir des plaquettes sanguines à partir de cellules embryonnaires (ES). Mais le recours aux cellules iPS permet de multiplier les lignées de cellules et, partant, de choisir les cellules les mieux adaptées à la production de plaquettes, et d’être plus efficace.

« Les objectifs des chercheurs du CiRA vont de la recherche fondamentale à des projets, comme celui des plaquettes sanguines, orientés vers les applications thérapeutiques. Nous envisageons de créer dans l’avenir une banque de cellules iPS à usage médical. Un des atouts du CiRA, c’est que les recherches se déroulent dans un contexte interdisciplinaire, avec des laboratoires ouverts. Ma spécialité, c’est l’hématologie, mais je dois beaucoup aux échanges d’idées que j’ai chaque jour avec des chercheurs qui travaillent dans d’autres domaines de la médecine ou qui se consacrent à la recherche fondamentale. Et ces échanges d’idées m’éclairent grandement sur ma propre recherche. »

« Nous avons commencé à produire de grandes quantités de plaquettes en utilisant les cellules iPS les plus aptes à donner des plaquettes. » conclut Takayama Naoya.

Les technologies d’ingénierie des cellules iPS ont fait l’objet de brevets en Europe et aux Etats-Unis et des études sont également en cours pour développer le potentiel commercial de cette découverte. Un certain nombre de rapports scientifiques font état de différenciation réussie de cellules iPS humaines en cellules nerveuses, musculaires et autres. Voilà un domaine qu’il va falloir surveiller de près pendant les années à venir.

(Original en japonais écrit par Ushijima Bifue.Photographies de Hans Sautter.)

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