Les frontières de la science

Un pionnier de la recherche sur les cellules souches

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Les cellules souches pluripotentes induites (iPS) ont deux caractéristiques majeures, d’une part la capacité à se différencier en n’importe quel type cellulaire et de l’autre, celle de proliférer de façon pratiquement illimitée. Le Centre de recherche et d’application des cellules souches induites (CiRA), qui a été créé en 2010 par l’Université de Kyoto, s’est spécialisé dans l’étude de ces cellules, tout en effectuant des recherches de pointe sur leur éventuelle utilisation dans la médecine régénérative.

Le CiRA, un laboratoire à la pointe de la technologie cellulaire

Les premières cellules souches pluripotentes induites (iPS) ont été développées par le professeur Yamanaka Shinya de l’Université de Kyoto. La production de ces nouvelles cellules constitue une avancée majeure dans la recherche sur les cellules souches et elle ouvre de vastes perspectives dans le domaine des traitements thérapeutiques. Les cellules iPS sont le fruit d’une manipulation génétique. Ce sont des cellules adultes reprogrammées pour se comporter comme des cellules souches embryonnaires. Il suffit d’introduire quatre gènes spécifiques dans un petit échantillon de cellules de la peau, pour que celles-ci deviennent capables de se différencier en n’importe quel type cellulaire et de se multiplier quasi indéfiniment. Les cellules iPS peuvent se transformer en n’importe quel type de cellule ou d’organe, y compris les os, le cœur, les nerfs, le foie et le sang.

Un vaste laboratoire, au troisième étage du CiRA de Kyoto. Les recherches interdisciplinaires  se déroulent dans un espace complètement ouvert (Photo : CiRA, Université de Kyoto, juin 2010)

Ce qui fait le caractère unique des cellules iPS, c’est leur capacité à se multiplier pratiquement sans limites et à se différencier en n’importe quel type de cellule. Le mécanisme est le même que celui qui est à l’œuvre quand un ovule fécondé se divise en des millions de cellules qui se différencient pour former des organes ou quand la peau ou les vaisseaux sanguins se régénèrent après une blessure. Les cellules souches induites artificiellement ont la capacité de se transformer en différentes cellules par un processus de division et de différenciation.

Les cellules embryonnaires (ES) ont des propriétés similaires. Mais leur exploitation a soulevé diverses questions éthiques du seul fait qu’elles proviennent d’embryons. Les cellules iPS peuvent être développées à partir de cellules somatiques — un terme générique qui s’applique aux cellules qui ne peuvent pas produire de gamètes (spermatozoïdes et ovules) ni transmettre à leur descendance les mutations qu’elles ont subi. De ce fait, elles ne posent aucun des problèmes éthiques liés aux cellules embryonnaires. Yamanaka Shinya a mis au point une technique efficace et facile à mettre en œuvre pour transformer des cellules somatiques en cellules pluripotentes. Les chercheurs sont en train d’évaluer les risques éventuels de réactions de rejet immunitaire et de formation de tumeurs que pourrait provoquer la transplantation de cellules iPS. S’ils réussissent à surmonter ces problèmes et à confirmer que les iPS peuvent être développées en toute sécurité, les cellules souches pluripotentes induites devraient trouver toutes sortes d’applications thérapeutiques.

La plus prometteuse de ces applications, c’est la médecine régénérative. Prenons l’exemple d’un patient atteint d’une grave maladie du cœur. Des cellules iPS développées à partir d’un prélèvement de sa peau pourraient être reprogrammées pour se diviser et se différencier en cellules cardiaques, puis être transplantées dans son cœur. Dans ce cas, les chances de réaction de rejet immunitaire sont minimes parce que le greffon est obtenu à partir de cellules du patient.

Les cellules iPS pourraient aussi être utilisées pour produire des cellules ou des organes présentant des symptômes similaires à ceux de diverses maladies incurables. Ce type de recherche permettrait de faire de grands progrès dans l’identification des causes des dites maladies et la mise au point de médicaments efficaces pour les soigner.

Suite > Des plaquettes issues de cellules iPS humaines

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