Les hôtesses philippines au Japon, entre mariage fictif et traite illégale

Société

Beaucoup de Philippines viennent au Japon et y travaillent comme hôtesses, dans des établissements connus sous le nom de « bars philippins », pour gagner de l’argent et venir en aide à leurs familles. De plus en plus fréquemment, elles entrent illégalement, en se procurant un visa par le biais d’un mariage blanc, et deviennent par la même occasion des proies faciles pour les intermédiaires sans scrupules qui les exploitent.

« Chaque jour est une épreuve »

Les femmes font tous les jours la navette entre leur domicile et le bar. Si elles n’obtiennent pas de bons résultats, il peut arriver que les intermédiaires les menacent de les renvoyer aux Philippines. En fait, elles sont tout le temps sous pression pour remplir les quotas de vente et éviter ainsi d’être pénalisées.

« Chaque jour est une épreuve pour les tarento », dit une hôtesse. « Même à la maison, nous ne sommes jamais seules, et nous devons contacter les clients pour les faire venir au bar. Il n’y a pas un instant de répit. »

Au beau milieu de cette pénible situation, les intermédiaires peuvent décider unilatéralement de prolonger les contrats, et imposer ainsi aux femmes de rester encore plus longtemps dans leur travail. En d’autres occasions, ils peuvent décider soudainement de les renvoyer chez elles, même si elles rapportent de bons bénéfices.

Il n’existe pas de chiffres exacts sur l’effectif des Philippines qui se trouvent dans cette situation. Seuls les voisins immédiats sont à même de dire si un mariage et réel ou fictif, et les femmes sont discrètes sur l’endroit où elles travaillent et leur façon de vivre. Même si elles souhaitent chercher de l’aide, le fait qu’elles sont elles-mêmes en infraction avec la loi sur l’immigration les dissuade d’aller trouver les autorités. C’est ce qui permet aux intermédiaires de rédiger des contrats à leur convenance. Certains intermédiaires sont en lien avec des gangs organisés au Japon ou aux Philippines.

Il n’y a rien d’exagéré à décrire ces femmes exploitées et à la liberté restreinte comme des victimes de la traite des êtres humains. Mais si leur activité est découverte, elles risquent un châtiment, et dans bien des cas un renvoi dans leur pays. Quant aux intermédiaires qui les exploitent, même si les tribunaux leur infligent une condamnation, ils reprennent leur activité dès qu’ils sont remis en liberté.

Suite > Une chance d’échapper à la pauvreté dans leur pays

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