Au Japon, les chiens et les chats peuvent-ils aller au paradis ?

Société Culture

Un nombre croissant de Japonais qui sont propriétaires d’un animal aimeraient pouvoir célébrer un office funéraire lorsque celui-ci meurt, à l’instar d’un être humain. Au sein du monde bouddhique, ce désir fait aujourd’hui débat. L’auteur, qui est également un religieux, fait le point sur les pratiques japonaises à cet égard depuis les temps anciens.

Le « temple aux chats » de Tokyo, un lieu très particulier

Cependant, il existe des temples qui ont choisi de s’adapter à cette tendance actuelle en offrant des tombes où les êtres humains peuvent reposer aux côtés de leur animaux familiers. Le Kannô-ji, situé dans l’arrondissement de Setagaya à Tokyo, en fait partie. Surnommé le « temple des chats », il recueille les chats errants et les chats abandonnés. Le supérieur du temple a commencé à offrir des services funéraires pour animaux familiers il y a 13 ans, afin de répondre aux souhaits des personnes qui voulaient que leur chien ou leur chat soit enterré avec eux.

Un service funéraire collectif pour les animaux familiers au temple Kannô-ji

Ce temple a créé une section avec des tombes conçues pour recueillir les urnes d’animaux familiers au même endroit que les tombes d’êtres humains. L’idée est de satisfaire les demandes des propriétaires d’animaux familiers sans déroger au sentiment religieux des autres. Aujourd’hui, les chiffres portant sur le décompte des services funéraires et services commémoratifs de ce temple parlent d’eux-mêmes : ceux concernant les êtres humains représentent 5 % du total, contre 46 % pour les animaux familiers ! Il y a même à l’intérieur de ce temple un crématoire pour animaux.

Cette initiative du temple Kannô-ji peut paraître pionnière, mais en réalité, les services bouddhiques pour animaux ont une longue histoire au Japon, comme en attestent des documents écrits. Intéressons-nous maintenant à ce qu’elle nous apprend.

Une tombe pour un chien au VIe siècle

La plus ancienne tombe pour animal familier existante se trouve dans le tumulus Giken-zuka, dans la ville de Kishiwada de la préfecture d’Osaka, où y est enterré un chien. Cette sépulture de forme ronde aurait été construite dans la seconde moitié du VIe siècle, c’est-à-dire à l’époque de l’introduction du bouddhisme au Japon.

Le clan Soga était partisan de cette nouvelle religion, tandis que le clan Mononobe, dirigé par Mononobe no Moriya, y était opposé, et les deux clans étaient en guerre. Mononobe no Moriya fut tué lors d’une bataille, et l’un de ses partisans, Toritoribe no Yorozu, se donna alors la mort. Shiro, son chien fidèle, s’empara de la tête de son maître et l’enterra. Il s’assit ensuite devant cette « tombe » et refusa d’en bouger, même pour manger la nourriture qu’on lui donnait. Il finit par mourir de faim.

Témoins du dévouement de Shiro qui avait montré qu’un animal pouvait mériter l’admiration, même s’il appartient au monde des chikushô (voir en début d’article), les gens de la cour décidèrent de lui offrir une sépulture. Aujourd’hui encore, la tombe de Shiro se trouve dans le tumulus de son maître Yorozu, et chaque automne, la famille Tsukamoto, les descendants de Yorozu, se rassemblent pour honorer leur ancêtre et son chien. Ainsi, ce service commémoratif perdure remarquablement depuis près de 1 500 ans.

Suite > L’enterrement de Hachikô

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