Pour sauver les forêts du Japon, place aux jeunes indépendants !

Société

L’exode rural et la baisse du prix du bois ont entraîné une diminution de nombre d’exploitants forestiers, sans compter l’augmentation du nombre de forêts dont l’entretien n’est pas assuré. Pour retrouver la vitalité du secteur, tous les regards sont tournés vers de jeunes Japonais passionnés qui ont quitté la ville pour s’installer en campagne.

Les nouvelles tendances de l’industrie forestière

Mais ces derniers temps, un vent nouveau commence à souffler sur le secteur. Tout d’abord, les grandes usines de bois d’industrie ainsi que les centrales biomasses mettent à profit le bois japonais comme matière de base. De même, la hausse du prix du rondin de bois importé et la baisse du yen, ainsi que la maturation des forêts plantées au Japon dans l’après-guerre contribuent à cette revitalisation de la production.

L’émergence d’une demande importante en bois, dans un contexte de recherche d’une offre stable, a mené à des nouvelles mesures. Celles-ci sont destinées à promouvoir la production et la distribution à grande échelle en rationalisant la production et en améliorant la productivité par l’emploi de machines forestières très performantes. Jusqu’à présent, les politiques prises consistaient essentiellement en l’abattage d’entretien pour permettre aux forêts de croître (type kanbatsu). En 2014 néanmoins, l’abattage s’est tourné vers un autre objectif, à savoir la récolte de bois (type shubatsu). Grâce à cela, en 2017, le taux d’autosuffisance en bois était remonté à 36 %.

Il faut aussi prendre en compte l’arrivée croissante de jeunes (d’une vingtaine et trentaine d’années) venus s’installer dans la campagne afin de se consacrer à l’exploitation forestière. Ce « retour à la campagne » (inaka kaiki), qui a commencé dans les années 2000, a fait l’objet d’une grande attention, et cette tendance s’est renforcée après le grand tremblement de terre de l’est du Japon du 11 mars 2011. Le séisme a rendu beaucoup de jeunes conscients du fait qu’en habitant à Tokyo, même en ayant de l’argent, ils étaient incapables de survivre si les aliments des supérettes finissent tous en rupture de stock. J’ai alors étudié de plus près les raisons de ce « retour à la campagne ».

Des néo-ruraux qui cumulent plusieurs activités

Parmi l’un des points communs à tous ces jeunes qui quittent la ville pour la campagne, citons le cumul de plusieurs activités professionnelles. Et celles qui peuvent être associées à l’exploitation forestière sont nombreuses : agriculture, professeur de sports de plein air, restauration, photographie, art floral (ikebana), artisan de bois, édition ou encore services informatiques.

Prenons l’exemple de cette jeune femme d’une trentaine d’années, monitrice de canoë et exploitante forestière. En été, lorsqu’elle ne travaille pas en forêt, elle gagne de l’argent comme instructrice, mais les revenus que lui procure cette occupation sont instables, car dépendante des conditions climatiques. En parallèle, si l’exploitation forestière ne rapporte pas beaucoup, c’est une source de revenus assurée pendant la période hivernale par exemple. Ainsi, associer les deux activités lui permet de stabiliser ses rentrées d’argent. L’abattage des arbres, qui peut se faire quand cela l’arrange, peut donc être facilement associé à un travail qui dépend de la demande des clients. De plus, l’abattage est une opération dans laquelle il est facile de se lancer car elle nécessite un investissement réduit au départ : il suffit d’être équipé d’une tronçonneuse et d’un petit camion pour faire ses premiers pas.

En outre, la sylviculture a une très bonne image auprès de beaucoup de jeunes d'aujourd'hui. Ils en ressentent le charme : la beauté de la lumière qui pénètre dans la forêt, la valeur de l'héritage de ce métier de longue date et d'avenir, la responsabilité de protection des ressources hydriques, etc. Tous ces aspects bénéficient d’un attrait que le travail urbain n’a pas. Puis, d’autres jeunes apprécient la progression qu’offre l’exploitation forestière : ils commencent par couper du bois de chauffage puis acquièrent graduellement de nouvelles techniques leur permettant de couper du bois d’œuvre de bonne qualité.

Suite > Exploiter une forêt sans la posséder ?

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