Le mauvais enseignement de l’anglais au Japon

Société

Torikai Kumiko [Profil]

Les Jeux olympiques de Tokyo de 2020 toujours dans le viseur, le gouvernement a lancé une réforme accélérée de l’enseignement de l’anglais. Son objectif ? Permettre un apprentissage efficace de cette langue, que les japonais ont beaucoup de mal à maîtriser, à partir de l’école élémentaire jusqu’au concours d’entrée dans le supérieur. Mais cette idée pose quelques problèmes de base.

Enseigner les langues étrangères en apprenant les différences

Parmi les élèves qui ont passé tant d’années à apprendre l’anglais, il y en a bien sûr certains qui ont encore un très mauvais niveau. Mais chacun d’entre nous a des points forts et des points faibles, c’est ce qui fait la diversité de la société. De plus, les compétences de communication en anglais ne sont pas si simples au point de pouvoir les déterminer seulement en se basant sur les scores aux examens. Même en ayant obtenu de médiocres résultats aux tests Eiken, certains Japonais vivent et travaillent sans aucun problème à l’étranger. La communication est une compétence humaine, alors si l’on excelle dans son propre domaine, les connaissances en anglais suivront tout naturellement.

Il y a aussi des parents aux préjugés stupides, pensant que ne pas maîtriser l’anglais signifie ne pas réussir sa vie. Bien sûr, communiquer en anglais constitue la fenêtre la plus proche sur le monde d’aujourd’hui et nous enrichit, mais il ne faut pas non plus oublier qu’il existe d’autres langues étrangères dont l’apprentissage peut s’avérer tout autant bénéfique.

Je souhaite vivement que les générations futures éveillent avec plus de souplesse un intérêt pour les cultures différentes de la leur, et cherchent la véritable essence de la communication avec l’autre.

(Article écrit à l’origine en japonais du 30 mai 2018. Photo de titre : PIXTA)

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Torikai KumikoArticles de l'auteur

Professeur émérite à l’université Rikkyō, ses domaines de recherches incluent la théorie de la communication, l’enseignement de l’anglais, l’interprétariat et la traduction. Diplômée du département d’études hispaniques de l’université Sophia, elle obtient ensuite une maîtrise de l’université Columbia, puis un doctorat en sciences humaines à l’université de Southampton. Jusqu’aux années 1980, elle travaille comme interprète de conférence simultanée. Elle est aussi l’auteur de nombreux livres, dont Eigo kyōiku no kiki (La crise de l’enseignement de l’anglais, Éditions Chikuma Shinsho, 2018).

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