Comment protéger les droits des actrices de films pour adultes

Société

Le monde de la production de films pour adultes n’est guère connu, mais la révélation ces dernières années de la participation forcée de certaines actrices à des tournages a attiré une attention considérable. Il existe désormais un comité pour défendre leurs droits, dont fait partie l’auteur de cet article. Ce dernier nous explique par la même occasion l’évolution de l’industrie du X.

Prostitution et viol

Le tumulte récent autour de ces participations sous contrainte ne constitue pas un problème d’obscénité mais d’atteinte aux droits humains au moment des tournages. Pour certains, cela constitue un délit auquel la législation sur la traite humaine devrait s’appliquer.

À ce propos justement, il existait autrefois une profession appelée zegen, celle des hommes qui, jusqu'à l'époque d'Edo, achetaient aux familles pauvres des filles pour les vendre à des établissements de prostitution. À cette époque déjà, un édit l’interdisait. Après la modernisation du pays, la traite humaine continua à être officiellement prohibée, mais elle subsista en réalité. Les quartiers de plaisir japonais n’étaient pas strictement des lieux de prostitution, mais il est un fait avéré que cette activité y était pratiquée.

À partir de 1900, le gouvernement de Meiji qui voulait moderniser le pays renforça la régulation s’appliquant à ces quartiers de plaisir. Après la Seconde Guerre mondiale, la prostitution publique fut interdite, puis en 1957, une loi bannissant la prostitution fut adoptée. Elle fit disparaître d’un seul coup toutes les régions où elle était exceptionnellement autorisée. Mais cela n’aboutit pas à la réalisation d’une société saine dans laquelle ces mœurs dissolues auraient été corrigées. Le taux de viols au niveau national connut l’année suivante une progression de 50 %, avec environ 6 000 cas. Cette loi fut donc un échec patent. Peu après la disparition des quartiers pour adultes, de nouvelles activités de plaisir firent leurs apparitions, et poursuivirent leur développement.

Le nombre de viols diminua par la suite. Il est aujourd’hui inférieur à un tiers de ce qu’il était en 1958, avec moins de 2 000 cas par an, tentatives de viol comprises. Il faut certes tenir compte d’une amélioration graduelle de la sécurité, et de l’existence de cas de viols non déclarés à la police, mais c’est un exemple du fait qu’une régulation globale des autorités ne conduit pas toujours à une résolution complète d’un problème. On peut sans doute dire la même chose concernant le monde du X.

L’arrivée d’Internet

Certes on entend dire que durant les années 1980, les réalisateurs se donnaient le plus grand mal à persuader des femmes de tourner pour eux afin de combler le manque d’actrices, mais il n’en est rien de la décennie suivante, où elles se mettaient à vouloir faire d’elle-même du X. Le grand public commençait à s’intéresser à elles, et certaines actrices se mirent à participer à des émissions télévisées diffusées tard dans la nuit.

Grâce à cela, le secteur put augmenter ses profits, et les sociétés devenaient de plus en plus conformes à la législation et au régime fiscal. On entend dire qu’à partir des années 2000, le nombre de femmes souhaitant apparaître dans des films de ce genre augmentait tellement que la majorité d’entre elles n’auraient pas été sélectionnées… Mais d’après une enquête que j’ai menée pendant l’été 2017, les recruteurs continuent encore à jouer un grand rôle dans la découverte d’actrices qui rapportent.

C’est depuis une dizaine d’années que la conjoncture du milieu commença à se dégrader. En cause, la généralisation d’Internet. En effet, lorsqu’Internet devint un des modes de diffusion des films X, jusqu’alors vendus ou loués sous forme de DVD, cela fit apparaître un nouveau problème : l’accès à des films pour adultes venus de l’étranger non floutés. Comme dit plus haut, la censure des parties génitales doit être obligatoire au Japon pour que les films X ne tombent pas dans l’illégalité. Pourtant aujourd’hui, des films non censurés mais tournés au Japon avec des actrices japonaises sont distribués depuis l’étranger.

Depuis la révision de 2011, la législation japonaise peut aussi s’appliquer à ces films distribués depuis l’extérieur du Japon. Ils sont donc contrôlés. Mais les contraventions sont rares. Sans compter que des éditions pirates de films conformes à la loi comme de films non floutés sont aussi disponibles. Comme ces films non censurés se vendent plus cher, il est même possible que les revenus de leurs ventes dépassent ceux des films légalement commercialisés.

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