Sept ans après le tsunami : les produits de la mer du Sanriku reprennent des couleurs

Société

Le 11 mars marque le septième anniversaire du séisme et du tsunami dans le nord-est du Japon. L’industrie de la pêche et de l’aquaculture dans la région du Sanriku, quasiment anéantie, est aujourd’hui sur la voie de la reprise, malgré un manque de main-d’œuvre persistant. Reportage à Minami-Sanriku, Onagawa et Ishinomaki, dans la préfecture de Miyagi.

Des formations pour les jeunes

Quittons Minami-Sanriku par la route pour rejoindre, plus au sud, le littoral d’Onagawa et d’Ishinomaki. Les décombres qui recouvraient la côte après la catastrophe ont laissé place à des installations portuaires et des zones de terrassement.

La côte d’Onagawa, où les travaux de reconstruction menés par l’État progressent. On croise de nombreuses voitures particulières.

À Onagawa, le marché de gros local, au cœur de la logistique des produits de la mer, a rouvert ses portes en avril 2017. Les équipements frigorifiques ont également été remis en service récemment et les pêcheurs ont fini de rééquiper leur flotte courant 2016.

D’après les statistiques municipales, les prises atteignaient 35 619 tonnes en 2017, soit près du double du volume pêché en 2011 (19 740 tonnes). Les années précédentes, elles étaient déjà remonté jusqu’à 70 ou 80 % du niveau d’avant la catastrophe. Un responsable municipal souligne que « les pêcheurs avaient pris en main l’évacuation des décombres et la remise en état des équipements portuaires avant le début des travaux engagés par l’État, ce qui a permis de remonter la pente plus vite que prévu ».

Cependant, par rapport à d’autres communes, le tsunami a causé d’importants dommages à Onagawa, qui a perdu environ 40 % de sa population, l’un des plus lourds tributs au niveau national. Le nombre de pêcheurs a lui aussi baissé dans la même mesure et, comme à Minami-Sanriku, le vieillissement et l’absence de repreneurs posent de graves problèmes.

En juillet 2014, pour résoudre ce problème commun, des pêcheurs du Sanriku, région dont font partie Onagawa et Ishinomaki, ont créé une organisation baptisée Fisherman Japan. Le siège est situé à Ishinomaki, où plus de 3 000 personnes ont trouvé la mort pendant la catastrophe. La quarantaine de membres fondateurs de cette organisation sont des pêcheurs en activité. En plus de leur travail, ils participent à la vente directe et en ligne de leurs produits, à l’organisation d’événements et à la formation de jeunes, dans l’espoir de véhiculer une image positive, celle d’« un métier cool et innovant, qui permet de bien gagner sa vie ».

Abe Shôta (32 ans), directeur de Fisherman Japan, en est convaincu : « Pour redynamiser nos côtes, le plus important est de former des jeunes. Il faut compter dix à quinze ans pour devenir pêcheur. Nous devons renouveler le métier maintenant, tant que les piliers actuels, qui ont plus de 60 ans, sont encore là, pour passer le bâton aux générations suivantes. »

Abe Shôta, directeur de Fisherman Japan, est également un dynamique producteur d’algues wakame.

Peu après sa création, Fisherman Japan a mis en place, notamment pour le compte de la ville d’Ishinomaki, une « école de pêcheurs » dans laquelle des pêcheurs locaux dispensent des conseils de pêche et d’aquaculture et un programme de découverte des métiers de l’aquaculture. Il y a deux ans, un site internet d’offres d’emploi dans le secteur a été inauguré. Une centaine de jeunes issus d’autres départements ont déjà participé à ces actions, dont une quarantaine a trouvé du travail. Près de vingt d’entre eux sont aujourd’hui de jeunes pêcheurs actifs sur place.

« L’intérêt pour le métier de pêcheur grandit, c’est certain. La prochaine étape est de fidéliser les nouveaux venus dans le milieu. Fisherman Japan s’attache à trouver de nouveaux débouchés pour les produits, qui permettent d’améliorer les revenus des pêcheurs locaux ; nous voulons aussi mettre en avant un nouveau visage du métier, plus attirant et plus motivant », explique Abe Shôta, pour qui les objectifs sont clairs.

Sur le littoral du Sanriku, nombreux sont encore les gens qui vivent dans des logements provisoires. Il est important de construire des logements publics pour leur permettre de retrouver un chez-soi, et aussi de reconstruire les infrastructures sociales – routes, établissements médicaux et de soins aux personnes, services administratifs… Mais le renouveau de l’aquaculture est également un gage de reconstruction pour la région entière. Le dynamisme des pêcheurs qui ont lutté pour reprendre le dessus en est la force motrice.

(Photo de titre, prise par l’auteur : le port de Shizugawa à Minami-Sanriku. Les installations portuaires ont été reconstruites et les tables d’élevage sont de retour.)

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