Sept ans après le tsunami : les produits de la mer du Sanriku reprennent des couleurs

Société

Kikuchi Masanori [Profil]

Le 11 mars marque le septième anniversaire du séisme et du tsunami dans le nord-est du Japon. L’industrie de la pêche et de l’aquaculture dans la région du Sanriku, quasiment anéantie, est aujourd’hui sur la voie de la reprise, malgré un manque de main-d’œuvre persistant. Reportage à Minami-Sanriku, Onagawa et Ishinomaki, dans la préfecture de Miyagi.

Des huîtres de meilleure qualité

Comme le fait remarquer ce fonctionnaire, la formation de repreneurs est essentielle au maintien et au développement de l’activité. La ville a perdu un tiers de sa population par rapport à avant la catastrophe. Face à l’accélération du vieillissement de la population, la municipalité a lancé, en partenariat avec la coopérative marine, l’office du tourisme, la préfecture et l’État, des actions pour susciter l’intérêt des jeunes pour la pêche, par exemple à travers un programme de découverte destiné aux personnes qui envisagent de s’installer dans la région.

Dans ce contexte, les pêcheurs s’attachent eux aussi à assurer l’avenir de leur métier. L’un des exemples les plus représentatifs est celui de Gotô Kiyohiro (57 ans), éleveur d’huîtres et d’algues wakame dans le quartier de Togura. Lui aussi a perdu sa maison et ses équipements dans le tsunami ; à un moment, il lui a même paru impossible de reprendre son activité. Mais en juin 2011, à peine trois mois après la catastrophe, quand il a pris la tête de l’association ostréicole de l’antenne de Togura au sein de la fédération des pêcheurs de la préfecture, il s’est attelé sans tarder à mettre à profit l’aide gouvernementale pour améliorer la qualité de la production ostréicole.

Pour Gotô Kiyohiro, ostréiculteur dans le quartier de Togura à Minami-sanriku, « il faut désormais produire en prenant soin des ressources, sans quoi la pêche n’aura pas d’avenir ».

M. Gotô relève les casiers d’algues wakame.

« Les ostréiculteurs cherchent à augmenter leurs prises à travers un élevage intensif, avec un impact négatif sur la qualité. Ce problème existait déjà avant la catastrophe. Les ravages causés par le tsunami ont été terribles, mais c’est l’occasion de repartir de zéro et d’engager des réformes susceptibles d’assurer l’avenir de l’ostréiculture locale. En pratiquant un élevage moins intensif, les huîtres sont mieux nourries et la mer est moins souillée par leurs déjections, c’est une amélioration substantielle de l’environnement d’élevage. »

Pour ce faire, il était nécessaire de redistribuer les licences de pêche accordées autrefois, ce à quoi s’opposaient certains pêcheurs, craignant de perdre leurs droits. À force de leur expliquer les mérites d’un élevage moins intensif, la quarantaine d’ostréiculteurs concernés ont fini par donner leur accord. Cela a permis de diviser par trois le nombre de tables d’élevage.

Le résultat a donné des huîtres beaucoup plus charnues, et plus vite : elles peuvent être vendues au bout d’un an, au lieu de deux ou trois ans auparavant. Les coûts de production ont baissé tandis que les tables d’élevage étaient mieux rentabilisées, ce qui a permis de maintenir la production à des volumes similaires. Le temps de travail des ostréiculteurs a diminué d’environ 20 %, pendant que leurs revenus augmentaient de 15 à 20 %, grâce à la hausse qualitative.

Enfin, accorder un plus grand nombre de tables d’élevage aux ostréiculteurs assurés d’avoir un successeur a fait revenir au pays un certain nombre de jeunes partis étudier ou travailler ailleurs.

« Les parents qui, jusqu’à présent, souhaitaient voir leurs enfants s’installer en ville, ont retrouvé confiance en leur travail, ils envisagent de leur proposer de reprendre l’exploitation familiale. Et les jeunes, assurés d’avoir une place dans le système, commencent à éprouver de l’intérêt pour cette nouvelle façon de travailler. »

Ces efforts ont été récompensés par l’obtention, il y a deux ans, de la certification ASC délivrée par l’Aquaculture Stewardship Council, une ONG installée aux Pays-Bas. Cette certification internationale récompense les produits de la mer issus d’une aquaculture responsable – une première au Japon. Elle a joué un rôle important dans l’établissement de la marque « huîtres de Togura ».

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Kikuchi MasanoriArticles de l'auteur

Né en 1965 à Hokkaidô. A été journaliste au quotidien Hokkaidô Shimbun, puis journaliste indépendant. Écrit des reportages basés sur des interviews et des chroniques à caractère social pour des revues comme Aera, Chûô Kôron, Shinchô 45 et President.

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