Pourquoi les jeunes Japonais ne cherchent-ils plus à étudier à l’étranger ?

Société

Kobayashi Akira [Profil]

Pourquoi le nombre d’étudiants japonais à l’étranger ne cesse-t-il de diminuer ? Cela ne semble pas seulement dû, comme on le dit souvent, à la tendance des jeunes à se replier sur eux-mêmes. Si les étudiants montrent une certaine aversion à l’idée de partir étudier à l’étranger, c’est à cause du système éducatif japonais, et également parce que la société japonaise est incapable de faire face convenablement à la mondialisation.

Vivre une expérience multiculturelle

Ces divers obstacles existent, mais étudier à l’étranger est le moyen indispensable, et le plus efficace, pour ouvrir les Japonais au reste du monde. L’inquiétude quant aux capacités linguistiques mentionnées plus haut est aussi une inquiétude vis-à-vis de l’adaptation à une autre culture. La plupart des Japonais sont nés et ont grandi au Japon, dans une situation d’isolement culturel. Leurs compréhensions envers les autres cultures sont restreintes, autant que leurs contacts avec des personnes étrangères, et ils ne s’ouvrent que difficilement aux échanges.

Il est indéniable qu’en raison des progrès de la mondialisation et du vieillissement démographique, le Japon est confronté à la nécessité de devenir une société multiculturelle, par exemple en adoptant une nouvelle politique d’immigration. Plus un changement est important et brutal, plus il est difficile d’y répondre. Une personne qui fait partie de la majorité dans son propre pays risque d'avoir du mal à s’adapter à un changement de société, et d’en être écartée.

Il est essentiel que les jeunes, les leaders de demain, aillent étudier à l’étranger afin d’apprendre à s’adapter à une autre culture et avoir l’expérience de la société multiculturelle. Mais cela doit passer par une coopération entre le monde de l’entreprise, des services de l’État et de l’université.

Offrir des programmes flexibles d’études à l’étranger

Ces dernières années, les universités tentent de répondre aux attentes de plus en plus diverses des étudiants envers elles. Alors que les programmes d’études linguistiques dans des pays anglophones sont moins populaires qu'avant, ceux qui comprennent une expérience de travail dans un environnement multiculturel attirent de plus en plus d’intérêt. Un nombre croissant d’étudiants veulent répondre aux attentes de la société en s’ouvrant à la mondialisation et en améliorant leurs capacités de communication avec d’autres cultures.

Dans le département que je dirige, le School of Global Japanese Studies, à l’Université Meiji, les étudiants peuvent effectuer un stage payant de cinq mois à Walt Disney World en Floride, passer de six à huit mois de stage dans des entreprises à Hawaï ou à Bali, ou encore étudier dans des « community colleges » américains, dont les frais de scolarité sont moins élevés. Nous reconnaissons aussi, en collaboration avec des organismes d’échanges internationaux, les crédits obtenus dans le cadre d’au moins 800 types d’activités bénévoles à l’étranger. Nous faisons progresser le taux d’étudiants partant hors des frontières chaque année en élargissant les modalités d’études à l’étranger et en nous efforçant de faire baisser les coûts impliqués. On assiste aujourd’hui à la naissance de programmes de collaboration fondés sur une approche flexible, libres de préjugés, dans de nombreuses autres universités.

La présence des Japonais dans la communauté internationale est de moins en moins perceptible, en raison du progrès du vieillissement démographique (voir notre article lié). Nous devons agir pour empêcher les jeunes Japonais de s’enfermer dans leur propre pays, sans aucune opportunité de rencontrer d’autres cultures. Notre époque exige de les former à l'international par le biais d’études à l’étranger.

(Photo de titre : orientation des étudiantes participant au stage Disney, avec l’aimable autorisation de l’Université Meiji)

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Kobayashi AkiraArticles de l'auteur

Professeur adjoint à l’Université Meiji, dont il dirige la « School of Global Japanese Studies ». Spécialiste des échanges universitaires internationaux, il élabore et gère de nombreux et variés programmes d’études à l’étranger, notamment le programme « Disney Internship » (stage Disney), en collaboration avec l’Université d’État de Floride et Walt Disney World. Il a été conseiller pour les études à l’étranger de « Education USA », un programme du département d’État américain, et vice-président du « Japan Network for International Education » (Réseau japonais pour l’éducation internationale). Il est l’auteur de Daigaku no kokusaika to nihonjin-gakusei no kokusai shikôsei (L’internationalisation des universités et les tendances internationales des étudiants japonais).

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