Le jeu d’argent, drogue dure du Japon

Société

Tanaka Noriko [Profil]

Au Japon, pour pratiquer un jeu d’argent, c’est tout simple : il suffit de passer la porte des salles de pachinko, omniprésentes à travers le pays. Sans compter que le monde des jeux d'argent va s’agrandir davantage, car le gouvernement a fait passer une loi légalisant les grands complexes de loisirs abritant les casinos. Cependant, cela pose le problème majeur d’un plus grand risque de dépendance au jeu. Dans cet article, l’auteure, qui était elle-même tombée par le passé dans une addiction sévère, dénonce l’indifférence et le retard des efforts consentis de la nation quant à cette pathologie.

Prendre exemple sur les autres pays

Des pays comme Singapour ou les États-Unis, où l’industrie du jeu est prospère, ont mis en place de solides dispositifs pour freiner la tendance compulsive aux jeux d’argent. Parmi les mesures qu’ils ont prises, citons :

  • Le contrôle de l’âge des clients
  • Le plafonnement du nombre des clients et des gains des casinos
  • Des campagnes de sensibilisation du public
  • Une éducation préventive des mineurs
  • La mise en place d’organisations de soutien aux joueurs compulsifs et d’équipes de spécialistes formés pour les aider
  • Un financement pour davantage d’études et de recherche sur le sujet
  • Une restriction de la publicité sur les jeux d’argent

Le Japon, quant à lui, ne prend même pas la peine de s’assurer que les établissements de jeux vérifient régulièrement l’âge de leurs clients. Il se peut toutefois que la situation change à brève échéance.

Certes, la loi sur les casinos est passée sans difficulté à la Diète, mais la campagne pour mettre fin à l’interdiction dont les casinos faisaient depuis longtemps l’objet a involontairement attiré l’attention sur le problème que l’addiction au jeu pose aujourd’hui. Grâce à ce regain d’intérêt, la coalition au pouvoir menée par le Parti libéral-démocrate devrait proposer une loi instaurant des mesures de lutte contre cette addiction lors de la session extraordinaire de janvier 2018.

Seul le temps nous dira quelles répercussions aura l’autorisation des casinos au Japon. D’ici là, ceux d’entre nous et les familles qui se trouvent en but à la pathologie du jeu espèrent de toutes leurs forces que le gouvernement japonais saisira l’opportunité qui lui est offerte de prendre enfin des mesures résolues et efficaces pour s’attaquer au fléau de l’addiction au jeu.

(D’après un original en japonais publié le 27 novembre 2017. Photo de titre : clients en train de jouer au pachinko. Jiji Press)

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Tanaka NorikoArticles de l'auteur

Présidente de la Société de réflexion sur l’addiction au jeu. Née à Tokyo en 1964. Elle fut elle-même atteinte de dépendance au jeu, tout comme son mari, son père et son grand-père. Depuis 2014, elle s’efforce d’alerter le public sur ce problème et de proposer des solutions pour y remédier. Elle est l’auteur de Sandaime gyan-tsuma no monogatari (Histoire d’une épouse de joueur à la troisième génération).

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