Le « divorce posthume », une déclaration d’indépendance des femmes

Société

Les divorces posthumes, qui dissolvent légalement les liens de parenté créés par le mariage après la mort d’un conjoint, sont en augmentation. L’affaiblissement de la conscience des femmes mariées de faire partie de le ie [mot qui signifie à la fois « maison » et « famille »] de leur époux, et la détermination des femmes à ne pas vouloir la charge de leurs beaux-parents dépendants y sont pour beaucoup.

La procédure de divorce posthume, un atout juridique

La loi prévoit une obligation alimentaire et de soins pour la parenté légale, qu’elle définit comme incluant la parenté par alliance jusqu’au troisième degré. Cela signifie que les parents et les grands-parents du conjoint, les frères et sœurs de celui-ci, ainsi que leurs enfants peuvent en être les bénéficiaires. Mais si une personne utilise la procédure de dissolution des liens de parenté créés par le mariage, cette obligation disparaît.

Il n’est en réalité presque jamais nécessaire d’aller jusque-là. En effet, cette obligation n’est constituée que lorsque les beaux-parents intentent une action en justice et qu’un juge aux affaires familiales reconnaît une « circonstance spéciale ». Dans ce cas et ce cas seul, il statue que la belle-fille est dans le devoir de les aider. Une « circonstance spéciale » est envisagée dans le cas où la belle-fille a été entretenue pendant de longues années par ses beaux-parents, et même si un jugement lui attribuait une quelconque obligation, il ne s’agirait que d’une obligation financière, uniquement lorsqu’elle en a les moyens, et qui se limiterait à garantir le minimum vital aux beaux-parents.

Pourquoi dans ce cas, le nombre de personnes souhaitant mettre définitivement un terme aux liens créés par le mariage est-il en progrès constant ? Peut-être à cause du déclin démographique. En effet, dans une telle société, pour les jeunes générations qui doivent assumer une charge plus lourde sur le plan financier et psychologique, s’occuper de leurs beaux-parents âgés est tout simplement devenu trop compliqué.

Intéressons-nous à présent à quelques cas présentés par les médias. Une veuve âgée d’une cinquantaine d’années qui cohabitait depuis presque trente ans avec sa belle-mère continuait à rembourser le prêt qu’elle et son mari avaient contracté pour acheter leur logement. Mais sa belle-mère refusait de participer aux frais du ménage alors qu’elle percevait une retraite. Cette femme s’est alors servie de la procédure de divorce posthume pour sortir de cette situation.

Une autre femme cohabitait depuis son mariage avec les parents de son mari qui avait repris l’entreprise familiale après leur mariage. À sa mort, elle lui a succédé tout en continuant de s’occuper de ses deux enfants, du ménage et de la cuisine. Sa belle-mère s’était mise alors à lui donner des ordres sur la marche de cette entreprise. La veuve a très vite eu le sentiment que sa belle-mère lui faisait grief de la mort de son mari, et après avoir hésité pendant deux ans, elle a finalement décidé d’avoir recours à la fameuse procédure.

Dans un énième cas, une femme d’une cinquantaine d’années avait dû quitter le travail qu’elle avait continué plus de vingt ans après son mariage, afin de s’occuper de ses beaux-parents devenus dépendants. Elle exprimait alors son insatisfaction vis-à-vis des attentes que la génération précédente continuait à avoir vis-à-vis des belles-filles dans la société d’aujourd’hui à laquelle les femmes participent activement. (Voir notre article : La proportion des mères japonaises au travail en hausse)

Ces femmes ont tout supporté tant que leur époux était vivant afin de protéger leur foyer, mais une fois veuves, elles ont du mal à accepter les contraintes imposées sur elles par les liens avec leurs beaux-parents. Les attentes de ces derniers (surtout à partir d’environ 75 ans) en matière d’obligation alimentaire et de soins ne sont plus supportables, motivant ces femmes à chercher un moyen d’échapper définitivement à la situation. Le divorce posthume apparaît alors à leurs yeux comme leur unique chance de salut.

Suite > Partager la tombe de son époux n’est plus d’actualité

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