Les leçons de la crise financière de 1997 au Japon

Économie

L’économie japonaise reste sous l’emprise de la déflation et de la croissance faible, une situation que l’on peut faire remonter à 1997 et à la contraction brutale de l’économie provoquée par la crise financière survenue cette année-là. L’article qui suit, rédigé deux décennies plus tard, revient sur ce qui s’est réellement passé en novembre 1997.

Formation et effondrement des économies de bulle spéculative

Pourquoi les choses ont-elles mal tourné ? Au cours de cette période, les crises bancaires étaient en général provoquées par les prêts improductifs. Mais pour comprendre le problème des prêts improductifs, il est indispensable de connaître l’histoire de la formation et de l’effondrement des économies de bulle spéculative. Les célèbres Accords du Plaza ont été signés au Plaza Hotel de New York en septembre 1985. À l’époque, les États-Unis, affligés d’un double déficit des opérations courantes et des finances publiques, espéraient remédier à cette situation grâce à des ajustements des taux de change. Comme on pouvait le prévoir, cet accord a entraîné une surévaluation de la monnaie japonaise, et le taux de change, qui était alors de 240 yens pour un dollar US, se situait un an plus tard aux environs de 150 yens pour un dollar.

La hausse du yen a porté un coup sévère à l’économie japonaise, et particulièrement aux industries exportatrices. Au nombre des mesures prises par la BoJ pour stimuler l’économie, figurait l’assouplissement de la politique monétaire, auquel la banque centrale a eu recours à cinq reprises en 1986 et 1987. La hausse des prix des terrains, amorcée en 1987, s’est poursuivie jusqu’en 1990, se diffusant des grandes zones métropolitaines vers les villes régionales.

Entraînés par les prix fonciers, les cours de la bourse ont eux aussi grimpé. À la fin du mois de décembre 1989, l’indice Nikkei a atteint le pic historique de 38 900 yens. L’économie japonaise était sortie d’une répression due à la hausse du yen et elle était en plein essor. Si l’on regarde en arrière, on s’aperçoit que cette période a constitué l’apogée de la bulle spéculative.

Mais la situation s’est sérieusement dégradée en 1990. À mesure de la baisse des prix des terrains, le MoF a multiplié les réglementations sur les prêts fonciers, et cette politique a eu de lourdes conséquences. Les prix fonciers et les cours de la bourse ont commencé à baisser. La bulle spéculative avait éclaté. Pour les banques détentrices de créances garanties par des biens fonciers, la valeur des nantissements est tombée en dessous de celle des prêts, et les sociétés spécialisées dans les investissements de portefeuille se sont soudainement trouvées en difficultés. C’est ainsi que, de fil en aiguille, les banques se sont retrouvées en possession de prêts improductifs plus ou moins irrécouvrables.

Dans les années 1990, les faillites d’établissements financiers grevés de prêts improductifs ont commencé par de petits établissements vulnérables en termes de situation du compte capital. À l’époque, le système financier du Japon avait un mode de fonctionnement en convoi, sous la ferme tutelle d’un MoF et d’une BoJ convaincus qu’une bonne gestion des banques constituait le fondement de la solvabilité. Ce système reposait sur la croyance que les banques ne couleraient jamais. Quand des établissements financiers de petite et de moyenne tailles rencontraient des difficultés financières, ils étaient simplement absorbés par de grandes banques ou institutions financières de la même région.

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