À la rescousse des jeunes japonaises errant dans la nuit

Société

Des jeunes filles errent dans la ville la nuit. Elles ont fugué de chez elles pour diverses raisons : harcèlement, maltraitance, pauvreté. Passées entre les mailles du filet de la protection sociale, que leur reste-t-il pour s’en sortir ?

Acquérir coûte que coûte une autonomie

Parmi ces jeunes qui ont été maltraitées, un grand nombre en sort traumatisées. Cela les rend instables et incapables de continuer à travailler ou à étudier. Les mineures ne peuvent louer un appartement sans le consentement de leurs parents, et il leur est difficile de trouver un véritable travail. Leur santé est fragilisée parce qu’elles se nourrissent mal et vivent dans de mauvaises conditions. Elles ne voient pas d’autre issue que la prostitution pour survivre, et elles plongent dans des milieux où elles peuvent gagner leur vie même sans papiers. Il arrive souvent qu’elles tombent enceintes et qu’elles abandonnent ou maltraitent l’enfant qu’elles ont mis au monde. Cela peut aussi les conduire à des violences, contre elles-mêmes (automutilation, voire suicide), ou contre les autres (agressions, voire meurtres). La société prend un grand risque en les abandonnant.

Afin d’éviter qu’elles ne tombent dans une spirale infernale, il faudrait pouvoir leur procurer à la fois du temps et un endroit où elles peuvent se reposer et réfléchir. Qu’elles puissent se sentir en sécurité. Là, elles y retrouveront la santé sur le plan physique et mental, reprendront confiance en elles-mêmes, et pourront ensuite se réintégrer dans la société.

Nous avons inauguré en juillet dernier à Tokyo un lieu conçu pour être un refuge adapté à la société actuelle : « la maison de BOND », qui les aide à progresser vers l’autonomie. Nous y accueillons des jeunes filles sans domicile pour diverses raisons, avec une équipe présente 24 heures sur 24, s’occupant d’elles et leur préparant à manger.

Non, ces jeunes filles que nous rencontrons et qui nous racontent les épreuves qu’elles traversent n’ont pas perdu la force de vivre. À nous de leur redonner le courage de refaire leur vie.

(Photos : KEN, BOND project)

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