À la rescousse des jeunes japonaises errant dans la nuit

Société

Tachibana Jun [Profil]

Des jeunes filles errent dans la ville la nuit. Elles ont fugué de chez elles pour diverses raisons : harcèlement, maltraitance, pauvreté. Passées entre les mailles du filet de la protection sociale, que leur reste-t-il pour s’en sortir ?

Un endroit où se réfugier

BOND offre des consultations par mail et par téléphone, et bien sûr en personne. Nous organisons aussi des rencontres dans des cafés ambulants, et nous menons des maraudes en ville afin de parler à ces jeunes filles, par exemple en leur remettant un formulaire d’enquête. Si nécessaire, nous les mettons en liaison avec des avocats et d’autres organismes spécialisés. Nous leur offrons aussi un abri temporaire ou sur une durée plus longue, et nous les accompagnons dans leurs démarches administratives jusqu’à ce qu’elles parviennent à une autonomie.

En 2016, nous avons reçu 12 395 demandes de conseils par mail, 1 979 par téléphone, et nous avons fourni un abri à 1 105 personnes. Chaque mois, nous avons entre 40 et 60 nouvelles demandes. De jeunes adolescentes et de jeunes adultes nous lancent des SOS de tout le pays lorsqu’elles se sont enfuies de chez elles parce que leurs parents les battaient, ou encore quand elles se retrouvent à l’hôtel avec un homme qu’elles ont rencontré en ligne après avoir fugué.

Beaucoup de ces jeunes filles ayant subi des sévices physiques ou sexuels ne savent pas comment chercher de l’aide. Fuguer, ou en d’autres termes, fuir, est la seule chose qui leur vient à l’esprit. Elles qui n’ont pas d’endroit où retourner ont besoin d’un lieu où elles puissent se réfugier avant de subir de nouvelles exactions, se sentir en sécurité jusqu’à ce qu’elles bénéficient de l’aide sociale, et vivre jusqu’à ce qu’elles apprennent à acquérir une indépendance.

Suite > Acquérir coûte que coûte une autonomie

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femme jeune délinquance fait divers

Tachibana JunArticles de l'auteur

Née en 1971, elle crée en 2006 un journal gratuit, Voices, dont elle en devient la rédactrice en chef. En 2009, elle fonde l’ONG « BOND Project » qui vient au secours des jeunes femmes en difficulté (pauvreté, mauvais traitements…). Elle est l’auteur de plusieurs livres sur le sujet dont Hyôryû shôjo (Jeunes filles à la dérive), Tarojiro Editors, 2010, et Saikasô joshikôsei (Les lycéennes des bas-fonds), Shôgakukan shinsho, 2016.

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