L’isolement social au Japon

Les « hikikomori » : des reclus en marge d’une société vieillissante

Société

C’est à la fin des années 1990 que le phénomène appelé hikikomori – retrait volontaire et prolongé de la société –, observé chez les jeunes Japonais, a commencé à être perçu comme un problème. Depuis lors, la situation n’a fait qu’empirer à mesure que les hikikomori avançaient en âge.

La persistance dans l’effort s’avère payante

Mon implication dans le soutien aux hikikomori remonte à l’an 2000. Pour la plupart d’entre eux, sortir s’avère difficile, si bien que, depuis le début, mon activité consiste essentiellement en des visites à domicile. Outre cela, je donne une fois par mois des cours pour les membres des familles, je mène des discussions individuelles avec ces derniers et les hikikomori, et j’organise des rassemblements pour les jeunes. À l’heure actuelle, j’effectue quelque 800 visites à domicile par an, ce qui représente un total de plus de 10 000 depuis le début. Les bénéficiaires de mes activités de soutien appartiennent à diverses tranches d’âge, depuis l’adolescence jusqu’à la cinquantaine, mais l’essentiel de mes efforts porte sur ceux qui ont approximativement entre 35 et 45 ans.

À travers ce travail, j’essaye d’aider les hikikomori à acquérir de la force et à accumuler les expériences qui leur permettront d’établir des relations de confiance avec leur entourage. Il m’arrive aussi de les emmener en voyage. J’organise ainsi une vingtaine de voyages par an dans l’Archipel y compris à Okinawa et sept ou huit voyages en Asie.

Lorsque j’ai débuté mon activité de soutien auprès des hikikomori, pratiquement aucun ne montrait le moindre intérêt pour les voyages à l’étranger. En fait, plus de la moitié d’entre eux ne se présente même pas devant moi lors de mes visites à domicile. Franchir de force la porte de leur chambre pour les voir en personne s’avère contre-productif, et je préfère donc prendre mon temps, renouveler régulièrement mes visites et miser sur la courtoisie et la gentillesse pour faire passer ma sincérité. J’ai l’impression que des visites répétées conduites de cette façon peuvent déboucher sur des progrès assez rapides. L’un des facteurs clefs de la réussite de ce processus consiste à habituer les hikikomori à la présence de visiteurs à domicile.

Il est arrivé que j’effectue des visites au domicile d’un reclus une ou deux fois par mois pendant plus de dix ans avant de le rencontrer face à face. Ceci fait, on constate en général une amélioration, mais lorsque l’approche est trop longue, cela m’incite à me demander si je n’aurais pas pu trouver une meilleure méthode. Pour être sincère, je continue de procéder par tâtonnements.

La diversité des chemins qui mènent au rétablissement est étonnante. Certes, dans bien des cas, les progrès vont de pair avec les soins médicaux. Mais il arrive que des reclus qui sont restés dans un état grave pendant très longtemps – dix, voire vingt ans – réussissent à se prendre en charge, à fonctionner de façon autonome et même à se marier sans avoir bénéficié d’aucun traitement médical. Quoiqu’il en soit, je suis impressionné par la vaillance des efforts consentis tant par les reclus que par leurs familles.

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