Les ambitions politiques de Koike Yuriko, première femme à la tête de Tokyo

Politique

Kunikida Tatsuya [Profil]

Koike Yuriko a été élue gouverneur de Tokyo le 31 juillet 2016. Une première pour une femme. Depuis, le monde politique japonais a les yeux braqués sur elle. Lors des élections au poste de gouverneur de Tokyo, Mme Koike s’est présentée sous l’étiquette « indépendant » face au candidat du Parti libéral-démocrate (PLD) – la formation politique au pouvoir – et ce, bien qu’elle soit elle-même affiliée à ce parti.

La riposte du PLD

Dans les rangs du PLD, on est à la fois confiant et inquiet. Au début du mois de mars 2017, l’antenne locale du PLD de Tokyo a demandé à la direction nationale du parti de lui apporter son soutien, et a commencé à se préparer sérieusement pour les élections de l’Assemblée métropolitaine de Tokyo. Le parti semble prêt à utiliser tous les moyens disponibles pour conserver son nombre de sièges actuels.

Dans le même temps, Mme Koike doit faire face à une vive opposition au sein de l’Assemblée métropolitaine, opposition suscitée par son idée d’une « grande réforme de Tokyo ». L’objectif semble être de tenir bon, d’éviter les frictions avec le gouverneur et d’attendre que les choses se tassent d’elles-mêmes. Mais jusqu’à présent, cette tactique ne paraît guère avoir d’effet.

Certains membres du PLD voudraient que les élections de l’Assemblée métropolitaine de Tokyo et celles de la Chambre des représentants aient lieu le même jour de manière à minimiser l’influence de Koike Yuriko. D’après un des leaders du PLD à l’Assemblée métropolitaine, « c’est évidemment une possibilité que nous allons examiner de près ». Dans ce cas de figure, Mme Koike n’aurait pas le temps de se préparer pour les élections de la Chambre des représentants et elle serait donc contrainte de renoncer momentanément à ses ambitions de retour sur la scène politique nationale. Cette tactique aurait aussi le mérite de rappeler à l’ordre le Kômeitô et de le dissuader de tout rapprochement avec le groupe de Koike Yuriko.

À l’occasion de la conférence de presse du 10 mars 2017, Nikai Toshihiro, le secrétaire général du PLD, s’est exprimé au sujet de Mme Koike, qui cherche à étendre son pouvoir et son influence personnels tout en restant officiellement affiliée au PLD. Il a affirmé que certaines mesures disciplinaires étaient envisageables. « Le parti risque d’être forcé de réagir avec fermeté si elle continue à avoir des comportements aussi flagrants. »

Pour d’autres, il faut absolument mettre un terme à l’influence du résultat des élections de de Tokyo sur la politique nationale. Un député du PLD a lancé un appel aux dirigeants du parti en ces termes : « La direction devrait cesser le plus vite possible de s’impliquer dans les élections de l’Assemblée métropolitaine de Tokyo. Dans l’état actuel des choses, la responsabilité d’une défaite majeure retomberait non seulement sur le PLD local mais aussi sur la direction nationale du parti. Un échec cinglant pourrait même nuire facilement à l’autorité du Premier ministre. » Mais cette proposition pleine de bon sens n’a pas apparemment été accueillie avec un grand enthousiasme.

(Extrait d’un article en japonais du 28 mars 2017. Photo de titre : Koike Yuriko avant une réunion de l’Assemblée métropolitaine de Tokyo, dans l’arrondissement de Shinjuku, le 28 février 2017. Jiji Press)

Tags

politique élection femme Koike Yuriko

Kunikida TatsuyaArticles de l'auteur

Né à Tokyo en 1969. Journaliste spécialisé dans la politique japonaise. Membre du département politique de l’agence Jiji Press depuis 2016.

Autres articles de ce dossier