Les ambitions politiques de Koike Yuriko, première femme à la tête de Tokyo

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Kunikida Tatsuya [Profil]

Koike Yuriko a été élue gouverneur de Tokyo le 31 juillet 2016. Une première pour une femme. Depuis, le monde politique japonais a les yeux braqués sur elle. Lors des élections au poste de gouverneur de Tokyo, Mme Koike s’est présentée sous l’étiquette « indépendant » face au candidat du Parti libéral-démocrate (PLD) – la formation politique au pouvoir – et ce, bien qu’elle soit elle-même affiliée à ce parti.

Koike Yuriko

Née en 1952 dans la préfecture de Hyôgo. Gouverneur de Tokyo depuis juillet 2016. Titulaire d’un diplôme du département de sociologie de l’Université du Caire, obtenu en 1976. Parle couramment l’anglais et l’arabe. A commencé par travailler en tant qu’interprète. A continué sa carrière à la télévision, notamment en tant que présentatrice du programme d’informations World Business Satellite de la chaîne TV Tokyo. En 1992, Koike Yuriko a rejoint les rangs du Nouveau parti du Japon fondé par l’ex-Premier ministre Hosokawa Morihiro et elle a été élue à la proportionnelle à la Chambre des conseillers de la Diète. L’année suivante, elle a obtenu un siège à la Chambre des représentants en tant qu’élue de la préfecture de Hyôgo. Elle a ensuite représenté successivement le Parti nouvelle frontière (NFP), le Parti libéral (PL) et le Nouveau parti conservateur (NPC) avant de s’affilier au Parti libéral-démocrate (PLD) en 2002. Koike Yuriko a été élue huit fois à la Chambre des représentants, la dernière à Tokyo. En tant que membre du PLD, Koike Yuriko a occupé les postes de ministre de l’Environnement, de ministre chargé des Affaires d’Okinawa et des Territoires du Nord, de ministre de la Défense, de conseiller pour la Sécurité nationale et de président du Conseil général du PLD.

La volonté de revanche des dirigeants du PLD

Au départ pourtant, Koike Yuriko n’avait pas spécialement l’intention de partir ouvertement en guerre contre le PLD. Le 10 janvier 2017, elle a rencontré Abe Shinzô à la résidence officielle du Premier ministre et à cette occasion, dit-on, elle lui aurait promis, elle et son groupe, de soutenir les candidats du PLD pour les élections de la Chambre des représentants. Sur ce point au moins, le PLD aurait considéré que même si son antenne locale de la capitale était en opposition avec Mme Koike dans le cadre de l’Assemblée métropolitaine de Tokyo, la direction du parti à l’échelle nationale n’entrerait pas en conflit avec le gouverneur de Tokyo.

Une grande partie des membres du gouvernement n’ont cependant toujours pas pardonné à Koike Yuriko sa « trahison » envers le Premier ministre, au moment de l’élection du président du Parti libéral-démocrate de 2012. Après avoir commencé par apporter son soutien à Abe Shinzô, Mme Koike a changé brusquement d’avis et décidé d’appuyer la candidature de son rival, Ishiba Shigeru. En réalité, la plupart des proches du Premier ministre sont très hostiles envers Koike Yuriko, notamment Suga Yoshihide, secrétaire en chef du Cabinet et bras droit de M. Abe. Le gouverneur de Tokyo et ses partisans doivent sans nul doute être au courant de ces sentiments malveillants, mais voici comment ils se justifient : « Nous n’avions absolument pas l’intention de déclencher une guerre avec le Bureau du cabinet ou la direction du PLD. Mais ils n’arrêtent pas de nous mettre des bâtons dans les roues dès que nous essayons de faire quelque chose. Nous aussi on peut jouer à ce petit jeu ! »

La perspective des prochaines élections législatives

Si le TFK, la formation de Mme Koike, veut vraiment s’impliquer dans la politique au niveau national, il faudra qu’il tienne compte de la date où le Premier ministre dissoudra la Chambre des représentants élue jusqu’en décembre 2018. D’après un membre de longue date du Kômeitô, si M. Abe conserve son statut de leader incontesté du monde politique japonais et que son gouvernement continue à jouir du soutien de l’opinion, ce sera le moment idéal pour régler des questions lui tenant particulièrement à cœur, notamment la révision de la Constitution.

En supposant que les choses se déroulent ainsi, Koike Yuriko et ses partisans disposeront de temps pour préparer des candidats en vue des prochaines élections à la Chambre basse. « L’École de l’espoir » (Kibô no juku), le centre de formation politique de Koike Yuriko, a déjà enregistré 4 000 inscriptions. Ses partisans sont donc convaincus de pouvoir recruter rapidement les candidats nécessaires.

Afin d’étendre son influence politique au niveau national, le TFK va commencer par lancer un groupe de recherches politiques, et il choisira des personnes ayant suivi les cours de son école en donnant la priorité à ceux qui auront une formation en matière de stratégie politique et électorale.

Suite > L’après Abe Shinzô

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Kunikida TatsuyaArticles de l'auteur

Né à Tokyo en 1969. Journaliste spécialisé dans la politique japonaise. Membre du département politique de l’agence Jiji Press depuis 2016.

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