Le Japon adopte une nouvelle loi pour encourager l’expansion des activités spatiales

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La Loi sur les activités spatiales, adoptée en novembre dernier, fixe les procédures d’autorisation et de supervision des lancements de fusées et de satellites par les entreprises du secteur privé. Elle instaure aussi des indemnités publiques pour renforcer la fiabilité de la couverture des accidents par les assurances. L’objectif est d’encourager l’engagement du secteur privé dans l’activité spatiale.

L’ère du « nouvel espace »

Dans une perspective élargie, nous nous trouvons désormais dans ce que nous pouvons appeler la quatrième phase de l’évolution de l’utilisation de l’espace. La première période, qui va de 1957 à 1972, a été celle d’une intense compétition entre les États-Unis et l’Union soviétique pour l’utilisation de l’espace à des fins militaires et pour l’envoi du premier homme sur la Lune. La seconde période, qui commence en 1973 et s’achève approximativement en 1990, a vu l’entrée en scène de l’Agence spatiale européenne et l’émergence de pays comme le Japon, la Chine et l’Inde au rang des puissances spatiales. C’est à la fin de cette période que les projets d’utilisation commerciale de l’espace ont pris leur plein essor, à mesure que le secteur privé proposait des services de lancement spatiaux à des fins commerciales et exploitait des satellites destinés aux communications, à la radiodiffusion et à la télédétection. La troisième période, qui occupe en gros les années 1990 à 2006, a été le théâtre d’une multiplication des acteurs du secteur, due en partie à l’apparition de satellites offrant des fonctions radicalement améliorées à des prix relativement bas. Ces années-là ont également été marquées par une forte expansion des activités en aval du secteur spatial liées à la production de produits et de services créés au sol en traitant des données provenant de l’espace. La Grande-Bretagne s’est imposée comme le leader en ce domaine.

Depuis 2006 environ, nous sommes entrés dans la quatrième phase, dont le début coïncide avec l’émergence du « nouvel espace », expression qui désigne une nouvelle catégorie d’activités spatiales qui tirent parti de la maturation des technologies et de la baisse des coûts. Des start-ups et d’autres entreprises relativement petites, travaillant soit de façon indépendante soit en liaison avec des grandes entreprises et des agences publiques, interviennent dans divers domaines, allant du transport interorbital sous forme de voyages touristiques vers des destinations telles que la Lune et Mars ou de séjours prolongés dans l’espace extra-atmosphérique, à l’exploitation des ressources spatiales. La Space Exploration Technologies Corporation (Société des technologies d’exploration de l’espace), SpaceX en abrégé, fondée en 2002, a conçu et mis en service un véhicule spatial de transport de marchandises sans équipage, pour la Station spatiale internationale et sous contrat avec l’Agence nationale de l’aéronautique et de l’espace des États-Unis. SpaceX développe également des capacités de transport commercial avec équipage pour la NASA, ainsi que des projets à son propre compte pour l’exploration et la colonisation de Mars.

Outre cela, les entreprises du nouvel espace cherchent à développer des activités telles que la construction d’une infrastructure Internet visant à couvrir le globe à l’aide d’une constellation de centaines ou de milliers de petits satellites, l’exploration ou l’exploitation des ressources des astéroïdes, l’enlèvement des débris présents dans l’espace et les services en orbite en vue d’améliorer l’efficacité de la récupération des ressources et celle des véhicules d’exploration spatiale. Le nouvel espace mise sur l’apport de la vitalité des start-ups bâties sur de nouveaux modèles entrepreneuriaux et dotées de la technologie nécessaire à leur mise en œuvre et du soutien actif d’investisseurs, cumulé à celui des grandes firmes de l’aérospatiale et des agences spatiales publiques. Son émergence a été rendue possible non seulement par l’accessibilité au financement mais aussi par l’adoption d’une législation nationale conçue pour minimiser les obstacles à divers types spécifiques d’activités spatiales.

En novembre 2015, les États-Unis ont adopté la Loi sur la compétitivité des lancements spatiaux à des fins commerciales, qui autorise les citoyens américains à « s’approprier, posséder, transporter, utiliser et vendre » des ressources provenant d’astéroïdes ou de l’espace (l’eau y comprise). Le Traité sur l’espace extra-atmosphérique stipule que ce dernier ne peut pas faire l’objet d’une appropriation nationale, et certains ont interprété cela comme une interdiction de la possession de tout territoire ou corps céleste par des entreprises. Mais le traité ne contient aucune clause sur la propriété des ressources de l’espace. Si bien que le droit international n’apporte pas de réponse à la question du droit des entreprises à posséder, exploiter et vendre ces ressources.

Ce flou juridique a un effet démotivant sur les entreprises qui songent à ouvrir des activités d’exploitation des ressources spatiales. C’est pourquoi les États-Unis ont décidé d’apporter leur soutien à ce genre d’activités en affichant leur propre interprétation du Traité sur l’espace extra-atmosphérique et en garantissant la sécurité des activités menées par leurs ressortissants dans l’espace. Le Luxembourg, qui ambitionne de devenir le centre de l’activité minière spatiale, est en train de se doter d’une législation similaire.

Suite > La loi japonaise sur les activités spatiales vise à soutenir ce secteur

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