Le harcèlement scolaire : si nous n’agissons pas ensemble…

Société

Arai Hajime [Profil]

Le harcèlement scolaire s’est aggravé ces dernières années. Il est devenu de plus en plus difficile à traiter pour les enseignants. Quelles sont les mesures essentielles à prendre, et quels genres de dispositifs faudrait- il mettre en place afin de protéger le plus efficacement possible les enfants ?

La nécessité de former les enseignants sur leur lieu de travail

La « ligne directrice » doit être conçue comme un plan d’action de chaque établissement pour faire face au harcèlement scolaire. Dans ce cadre, il faut fixer des objectifs concrets, des programmes annuels à exécuter et suivre l’état de leur réalisation. En particulier, à travers l’enseignement de la morale, des droits humains, du droit ou encore par des activités pratiques, lancer des initiatives pour que les élèves participent à ce plan serait très efficace : qu’ils en discutent et s’engagent d’eux-mêmes dans la lutte.

Au moment de l’élaboration ou de la révision de la ligne directrice, il est important de prêter une oreille attentive à l’opinion des enfants et des parents, de coopérer localement avec les organismes concernés et d’analyser avec une totale intégrité les résultats obtenus et les problèmes à résoudre.

Il est indispensable que les enseignants bénéficient de formations au sein de leur établissement et veillent à ce que chacun assimile parfaitement les programmes de lutte contre le harcèlement dans leur école. Ce sera une occasion de repenser le système d’aide pédagogique et d’améliorer la structure scolaire.

Renforcer la coopération avec la communauté locale et les organismes extérieurs

Le harcèlement scolaire au Japon se caractérise de trois manières :
1- Il est souvent psychologique, par le biais de propos violents, de harcèlement moral ou encore par la mise à l’écart.
2- Il se produit souvent en classe, notamment pendant les récréations.
3- Les harceleurs sont souvent les camarades de classe de la victime.

Le harcèlement est difficile à percevoir de l’extérieur. Le professeur principal de la classe se confronte à des tâches difficiles. Il doit en effet pouvoir repérer les premiers signes de harcèlement, et prendre en charge les victimes, sans oublier de s’occuper de leurs harceleurs. Dans ce cas, il n’est pas rare de voir ces enseignants porter seul la responsabilité du problème, craignant de se faire critiquer sur leurs manières de faire ou leurs éventuelles négligences. Ces derniers temps, les cas de harcèlements sont de moins en moins visibles au moyen des médisances sur les réseaux sociaux ou de la mise à l’écart d’un groupe. Les écoles ont de très grandes difficultés à en prendre conscience.

Plus le harcèlement est difficile à déceler, plus il s’aggrave. Dès qu’il est mis à jour, il est de la plus grande importance de le traiter non pas à l’échelle des personnes concernées, mais au niveau de tout l’établissement scolaire. Chaque enseignant doit donc absolument être conscient qu’il a le devoir de transmettre le problème et de le partager avec la structure de lutte mise en place dans son établissement. Pour cela, il faut que cette structure soit placée sous l’autorité de la direction de l'école, et que les méthodes pour rapporter un cas de harcèlement soient clairement indiquées. Il serait nécessaire de créer un environnement où un enseignant n’aurait pas à se confronter seul à ce type de phénomène. Il est aussi indispensable d’installer un système de soutien mutuel entre les enseignants. Seul leur appui solidaire pourra sauver efficacement une victime de harcèlement.

Enfin, ne pas considérer le harcèlement comme un problème limité à l’école : il faut aborder ce grave problème en s’appuyant sur l’aide de la communauté locale, et sur la coopération des institutions impliquées, qu’elles soient médicales, sociales, ou judiciaires. Il faut partir du principe que les problèmes touchant les enfants sont un problème de société. Cela exige alors une communication étroite et quotidienne avec toutes les parties concernées, et un effort pour se rapprocher d’elles en dépassant une perception territoriale.

Rappelons-nous que lorsqu’un cas de harcèlement s’aggrave, les enseignants souffrent tellement de porter à eux seuls la responsabilité qu’ils sont incapables de réagir au moment critique. Il est primordial que cela change.

(Adapté d’un original en japonais du 2 février 2017. Photo de titre : le maire de la ville d’Ôtsu et les employés municipaux marquent une minute de silence, cinq ans après le suicide d’un collégien de la ville, le 11 octobre 2016. Jiji Press.)

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Arai HajimeArticles de l'auteur

Après avoir enseigné en lycée pendant 30 ans dans la préfecture de Saitama, il devient en 2006 professeur en sciences de l’éducation à l’Université d’éducation de Hyôgo. Spécialiste en conseil pédagogique et en soutien psychologique des élèves, il mène des recherches sur la mise en pratique des théories liées aux méthodes pédagogiques. Membre du Conseil de lutte contre le harcèlement scolaire réuni au sein du ministère de l’Éducation, de la Culture, des Sports et de la Technologie depuis 2014, il est depuis l’an dernier vice-président de la Société pour le conseil pédagogique.

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