La vraie nature du fiasco du nouveau stade olympique

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Le projet du nouveau stade olympique a été annulé suite aux vives critiques concernant le coût gigantesque de sa construction. Les multiples questions relatives à ce stade destiné à être au premier plan pendant les Jeux olympiques de 2020 symbolisent la structure d’irresponsabilité qui affecte la politique et la bureaucratie au Japon.

Une grande partie des installations sans rapport avec le sport

Ce qui a fait augmenter le coût du nouveau stade est à la fois sa structure et son envergure. Le stade lui-même couvre un total de 11,5 hectares (2,4 hectares pour les aires sportives, 8,5 hectares pour les tribunes, et le reste pour les installations auxiliaires). Mais il y a aussi les fonctions annexes : 4 hectares pour les espaces liés à sa gestion et son entretien (bureaux, salles de conférence et locaux techniques), 2,5 hectares pour les parkings, 2 hectares pour les espaces d’accueil (salons VIP, loges de spectateurs, restaurants et autres), 1,4 hectare pour les zones consacrées à la promotion des sports (espaces d’exposition et de documentation, bibliothèque, magasins). Les espaces annexes occupent, en d’autres termes, presque la moitié de la surface du complexe du stade olympique.

Les espaces liés à sa gestion et son entretien occupent une surface plus vaste que les aires sportives, et plus importante que ce qui était prévu dans le règlement du concours d’architecture. À l’étranger, ces espaces dans les stades ayant une capacité de 80 000 personnes couvrent généralement autour de 0,5 hectare. La surface qui leur est consacrée dépasse de loin leur équivalent au stade Nissan (le stade international de Yokohama qui compte 70 000 places) sans qu’aucune explication détaillée à leur sujet ne soit fournie.

Les zones pour la promotion des sports (espaces d’exposition, de documentation, bibliothèque, magasins), qui occupent 1,4 hectare, n’ont pas de rapport direct avec la fonction principale du stade. Ne pourraient-elles pas être bâties ailleurs ? Les espaces d’accueil, VIP et autres, couvrent une surface extraordinairement importante, puisqu’elle correspond à presque un quart de celle consacrée au public général. Il est permis de douter que ces espaces soient véritablement nécessaires lors de compétitions sportives, qu’il s’agisse d’athlétisme ou de football, ou lors de manifestations culturelles.

Un stade qui ne sera plus utilisé pour l’athlétisme après les JO ?

Comparons maintenant la taille de l’ensemble aux principaux stades existants ailleurs qu’au Japon.

Le plan général de départ prévoyait que le stade puisse accueillir 80 000 personnes, sur un site de 11,3 hectares avec une surface utile totale de 22,2 hectares. La capacité des stades olympiques de Londres, Athènes et Sydney était de 80 à 100 000 spectateurs, la surface des sites respectivement de 16,2, 13 et 20,7 hectares, et les surfaces utiles variaient entre 8 et 12 hectares. Il s’agissait dans tous les cas de stades aux dimensions plus réduites, bâtis sur des sites plus grands. Le projet de Tokyo prévoyait une surface utile équivalente à environ deux fois celle du stade olympique londonien, sur un site qui ne représentait que 70 % de celui de Londres. C’était probablement demander l’impossible sur le plan technique. Il ne semble pas que depuis le concours une attention suffisante ait été accordée à l’accès fluide des 80 000 spectateurs, à la prévention des accidents, et à l’éventualité d’un tremblement de terre.

Le plan général du JSC ne comprend pas non plus un aspect essentiel, à savoir les pistes d’entraînement indispensables dans le cadre de compétitions officielles d’athlétisme. Le stade occupant tout l’espace disponible, il n’y avait plus de place pour les pistes d’entraînement sur le site. Le JSC a expliqué que des pistes provisoires seraient créées à proximité pendant les Jeux. Une fois qu’ils seront terminés, le stade olympique ne pourra donc plus servir à des compétitions officielles d’athlétisme.

Un public de 80 000 personnes pour de l’athlétisme est envisageable uniquement pendant les Jeux. On considère que les autres compétitions de ce sport attirent autour de 10 000 personnes. Avec des dimensions semblables à celles de l’ancien stade olympique, l’installation de pistes d’entraînement permanentes était possible. Cet argument a d’ailleurs été mis très tôt en avant par des spécialistes de l’athlétisme.

Les arches faisaient partie du projet de Zaha Hadid mais l’architecte n’a pas supervisé directement la conception des installations sportives. On peut se demander quel était l’objectif de ce projet, et qui était le véritable responsable, le véritable promoteur.

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