Athlétisme : un Japonais sous les 10 secondes au 100 m

Culture Tokyo 2020

Tamesue Dai [Profil]

L’étoile montante du sprint japonais, Kiryû Yoshihide, a brisé le mur des 10 secondes en parcourant les 100 mètres en 9 s 87, avec un vent de dos trop fort pour homologuer le temps, malheureusement. L’attente se fait fébrile de voir enfin le record du Japon s’établir officiellement sous les 10 secondes. Tamesue Dai, ancien médaillé de bronze sur 400 m haies aux Championnats du monde commente les capacités de Kiryû.

Franchir le mur des 10 secondes n’est qu’une question de temps

De nombreux athlètes voient baisser leurs performances à leur entrée à l’université, du fait du changement d’environnement sportif. Kiryû, lui, n’a pas ce genre de problème. Ses capacités ont manifestement augmenté depuis qu’il était au lycée, où il a déjà établi son record personnel à 10 s 01. Quand il a couru en dessous des 10 secondes au Texas, la performance n’a pas été homologuée à cause d’un vent positif trop fort, mais en réalité, il est encore plus difficile de courir avec vent arrière, car un vent trop fort empêche d’envelopper correctement sa jambe en avant. Et il a tout de même réalisé 9 s 87 ! Ce chiffre est d’une signification très importante. Il nous dit tout simplement qu’avec encore un peu de travail technique, un record du Japon sous les 10 secondes n’est plus qu’une question de temps.

Une inscription aux Championnats du monde à Pékin compromise

Kiryû visait cette année une participation aux Championnats du Monde d’Athlétisme, qui auront lieu à Pékin du 22 au 30 août. Or, une blessure à la cuisse droite contractée lors d’un entraînement compromet grandement cette participation. Il lui faudra environ six semaines avant de reprendre l’entraînement et il a déjà manqué les Championnats du Japon qui commençaient le 26 juin.

L’année dernière déjà, Kiryû avait dû décliner une rencontre asiatique à cause d’une douleur à la hanche et une déchirure musculaire à la cuisse gauche. Une tension à la cuisse gauche a de même été cause de son forfait à la finale des championnats universitaires du Kantô cette année. Kiryû semble donc assez sensible aux blessures.

Deux causes sont envisageables de ce point de vue. Premièrement, s’il a un mental prêt à courir encore plus vite, sa musculature ne suit peut-être pas encore. Ou alors c’est au niveau technique, que de menus déséquilibres fassent porter un effort supplémentaire sur un seul côté, conduisant à la rupture.

Dans le premier cas, l’entraînement peut régler le problème, mais dans l’autre cas, cela demandera une analyse très détaillée des déséquilibres dans l’effort pour rectifier la posture. Par exemple si c’est une habitude en course qui le mène à la blessure, il faudra l’identifier pour la corriger. Surtout qu’à ce niveau de performance, le moindre petit mouvement du corps peut déséquilibrer la charge musculaire sur une autre partie du corps et provoquer une douleur. Le travail de modification des pratiques de course est extrêmement difficile, seul un travail poussé avec son entraîneur peut porter des fruits.

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Tamesue DaiArticles de l'auteur

Né en 1978 dans la préfecture d’Hiroshima. Diplômé de l’Université Hôsei. Formé comme sprinter au collège et au lycée, il se consacre au 400 m. haies à l’université. Médaille de bronze aux championnats du monde d’athlétisme en 2005 et premier médaillé japonais dans les disciplines sur piste. Son record du Japon en 47 secondes 89 tient toujours. Il a pris sa retraite en 2012. Actuellement commentateur sportif, il travaille également dans un large éventail d’activités sociales et éducatives. Directeur délégué de l’Athlete Society qui soutient les athlètes dans leur reconversion, et ambassadeur de bonne volonté auprès du Comité olympique du Bhoutan.

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