Retour sur l’inculpation d’un journaliste japonais à Séoul

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Ôishi Yutaka [Profil]

Un article de Katô Tatsuya, ex-directeur du bureau du Sankei Shimbun à Séoul, publié sur le site du journal a suscité en Corée du Sud un débat sur la liberté d’opinion et la situation politique nationale. Cependant, ce qui pose aujourd’hui question n’est-il pas plutôt le contenu et la qualité de l’article de M. Katô ?

Le refroidissement des relations bilatérales en toile de fond

Plusieurs raisons peuvent expliquer l’ampleur prise par ce problème, au premier titre desquelles figurent bien entendu les relations entre le Japon et la Corée du Sud, dans leur « pire » état depuis la normalisation des relations diplomatiques bilatérales. Il est juste de noter que ni le parquet ni les tribunaux ne doivent se laisser influencer par la politique diplomatique ou l’opinion publique. Mais, dans les faits, le parquet et les tribunaux ont un impact sur la politique et ils sont le siège de puissantes élites politiques ; il est impensable qu’ils soient coupés de toute influence extérieure.

Aucune rencontre au sommet entre dirigeants japonais et sud-coréen n’a eu lieu depuis longtemps, et les Sud-Coréens ont toujours une mauvaise image du Japon. D’après un récent sondage nippo-sud-coréen (effectué en juillet 2014 par The Genron NPO), les Sud-Coréens sont 17,5% à avoir une « bonne image » du Japon, contre 70,9% à avoir une « mauvaise image » (voir figure 1).

Ce sondage portait également sur la perception des habitants des deux pays concernant les différends historiques, avec une question sur « les problèmes à régler dans les différends historiques entre le Japon et la Corée du Sud ». Les réponses des Sud-Coréens arrivées en tête sont « le problème des manuels d’histoire japonais » à 81,9%, suivi de « la perception japonaise des femmes de réconfort » à 71,6% et « la perception japonaise de la guerre de colonisation » à 70,6% (voir figure 2).

Lorsqu’on examine ces tendances de l’opinion publique sud-coréenne, peut-être faut-il tenir compte du fait que M. Abe s’est rendu au sanctuaire Yasukuni en décembre 2013, qu’il a appelé de ses vœux une révision du problème des femmes de réconfort par le biais du réexamen de la « déclaration Kôno », et que le Sankei Shimbun est le média qui a le plus poussé en ce sens. Ces facteurs sous-tendent l’intransigeance du parquet sud-coréen.

Suite > M. Choe ne cherchait pas à dévoiler un secret

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Ôishi YutakaArticles de l'auteur

Directeur de la faculté de droit de l’Université Keiô. Né en 1956 à Tokyo, diplômé en 1979 du département d’études politiques de Keiô, docteur en droit en 1985. En poste depuis 2011, après avoir notamment dirigé l’Institut de recherche sur les médias et la communication. Ancien directeur de la Société japonaise de la communication de masse. Auteur notamment de La politique dans les médias (Keisô Shobô, 2014) et Les médias japonais d’après-guerre et la conscience citoyenne (Minverva Shobô, 2012).

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