Le Japon agit enfin contre les discriminations envers les personnes handicapées

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Le Japon est devenu cette année le cent-quarantième pays à ratifier la Convention relative aux droits des personnes handicapées. Comment cette ratification va-t-elle faire progresser les efforts pour interdire la discrimination vis-à-vis des personnes handicapées ?

Les initiatives prises au Japon pour éliminer la discrimination

Qu’a fait le Japon jusqu’à présent pour progresser à cet égard ?

La loi fondamentale sur les handicapés a été modifiée en aout 2011, et le deuxième paragraphe de son article 4 stipule à présent « l’obligation de procéder aux aménagements indispensables et raisonnables » pour éliminer les barrières qui existent dans la société. La formulation n’est pas sans ambiguïté, mais c’est la première fois qu’une loi japonaise mentionne la réalisation d’aménagements raisonnables.

De plus, en juin 2013 a été adoptée la loi relative à l’élimination de la discrimination fondée sur le handicap. Le deuxième paragraphe de son article 7 stipule que « les organismes administratifs doivent procéder aux aménagements raisonnables et nécessaires pour éliminer les barrières qui existent dans la société », définissant précisément l’obligation légale non seulement pour l’État et les collectivités territoriales mais aussi pour les organismes qui en dépendent d’offrir ces aménagements raisonnables. Le deuxième paragraphe de l’article 8 stipule aussi que les organismes privés doivent procéder de la même manière aux aménagements raisonnables pour éliminer les barrières qui existent dans la société, ce qui signifie que tous les organismes ont l’obligation de faire des efforts dans ce domaine.

Enfin, et c’est encore plus important, les règles relatives aux responsabilités des employeurs privés sont définies dans la loi sur la promotion de l’emploi des personnes handicapées, et l’on peut y lire qu’ils ont l’obligation de « fournir les aménagements nécessaires ainsi que le personnel d’assistance » afin de « garantir que les personnes souffrant de handicaps soient traitées de la même manière que celles qui n’en ont pas ».

De grandes attentes sont investies dans ces textes de loi qui seront appliqués à partir du 1er avril 2016 et devraient changer de manière significative la vie des personnes handicapées qui n’ont pas bénéficié jusqu’à présent d’aménagements alors qu’elles les souhaitaient. Mais à moins de deux ans avant leur entrée en vigueur, on ne saurait affirmer que ces textes sont connus du grand public, et il faudra des mesures pour éveiller leur intérêt aux objectifs de la loi.

Les États-Unis, un pays en avance à cet égard

Aux États-Unis, pays leader à cet égard, le Rehabilitaiton Act(*1) a été adopté en 1973, puis en 1990, le Americans with Disabilities Act (ADA)(*2). Le premier s’applique aux organismes recevant des subventions fédérales, et le second garantit la promotion de mesures offrant des aménagements raisonnables dans l’ensemble de la société, y compris dans le secteur privé. Ensemble, ces deux lois visent à garantir l’égalité des chances sous l’égide du gouvernement fédéral, notamment en assurant que les organismes publics emploient des personnes handicapées et qu’ils installent uniquement des équipements informatiques accéssibles à celles-ci.

Il est indéniable que les États-Unis et le Japon diffèrent à bien des égards, notamment dans leur rapport avec la loi, mais comme les États-Unis ont adopté ces lois à ce sujet il y a respectivement 41 et 24 ans, le Japon devrait apprendre de leur exemple. Les pays scandinaves mais aussi Hong-Kong ou la Corée du Sud sont aussi en avance par rapport au Japon dans ce domaine, et il faut à présent que notre pays veille à combler son retard. J’espère que nous allons rapidement connaître une époque où nous pourrons dire que la vie des personnes souffrant de handicaps a significativement changé.

(D’après un texte original en japonais du 11 juillet 2014. Photo de titre : le ministre japonais des Affaires étrangères à l’époque, Kômura Masahiko signe la Convention relative aux droits des personnes handicapées au siège de l’ONU à New York, septembre 2007, Jiji Press)

(*1) ^ Cette loi adoptée en 1973 interdit la discrimination à l'égard des handicapés dans les organismes et les programmes subventionnés par le gouvernement fédéral, c'est-à-dire la plupart des organismes publics et des universités. La loi a établi les bases pour accorder aux handicapés les mêmes droits que les autres citoyens. Elle exige aussi qu'un accès à tous les programmes soit offert aux handicapés, que des aménagements raisonnables soient offerts aux employés handicapés, et encore que toutes les nouvelles constructions soient conçues et réalisées de manière à être accessible à tous.

(*2) ^ Cette loi interdit toute forme de discrimination basée sur le handicap dans la société. Organisée en quatre sections, elle couvre tous les organismes et services qui accueillent le public. Les intitulés de ces quatre sections sont : I. Emploi (concerne les entreprises employant plus de quinze personnes en termes de recrutement, d'emploi et de promotion, II. Services publics/organismes publics ( dans les domaines de l'enseignement, de la justice, de la santé, des États), III. Organismes privés (services gérés par des entreprises privés ou à but non lucratif), IV. Communication et services de relais (accès au téléphone ou au télétexte).

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