Derrière le scandale des cellules STAP

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Le scandale autour des cellules STAP dépasse aujourd’hui le simple cadre de la science. Il a pris de telles proportions que la société japonaise toute entière se sent à présent concernée. Takeda Tôru, sociologue des médias, analyse les thèmes qu’il a fait émerger.

Le public veut des récits faciles à comprendre

Mme Obokata a affirmé en pleurant pendant sa conférence de presse que les cellules STAP existaient, mais elle n’en a quasiment pas apporté de preuves. La vérité à leur sujet n’est pas encore connue. Mais après le 9 avril, des voix se sont fait entendre pour exprimer de la compassion à son égard, en réaction à l’attitude de Riken qui semblait vouloir se débarrasser d’elle comme d’une malpropre, et à celle des médias qui l’avaient d’abord glorifiée pour la rejeter sitôt que Riken avait reconnu qu’il y avait eu falsification.

Cette compassion ne serait-elle pas due au fait que notre société se passionne pour cette affaire, non pas en raison de son amour pour la vérité scientifique, mais parce qu’elle la voit comme le récit d’un conflit entre Riken et Mme Obokata ? La plupart des Japonais d’aujourd’hui ne s’intéressent aux récits que dans la mesure où leurs structures sont centrées sur des personnalités. Le contenu  lui-même leur est indifférent. Ils sont contents, en d’autres termes, si un récit est bien conçu.

Quelques mois plus tôt, une autre controverse a agité le Japon. Elle concernait le compositeur Samuragôchi Mamoru, salué comme l’auteur d’œuvres remarquables composées malgré sa surdité totale. Le véritable compositeur a révélé que Samuragôchi n’était pas sourd et n’avait rien composé. La vérité avait disparu dans le contexte de ce beau conte d’un Beethoven d’aujourd’hui centré sur un personnage mystérieux. La controverse actuelle autour des cellules STAP relève du même contexte, la soif du grand public pour des récits faciles à comprendre et l’enthousiasme que ces récits suscitent chez les médias. 

(D’après un article original en japonais du 18 avril 2014. Photo de titre : Obokata Haruko présente à la confèrence de presse à Osaka, le 9 avril 2014. Jiji Press)

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