Les problèmes spécifiques du système de l’emploi japonais

Économie Société

Les firmes japonaises ont considérablement réduit le nombre des employés « réguliers » ou « permanents » qu’elles recrutent chaque année et qui deviennent membres à part entière de l’entreprise. Tant et si bien que quantité d’habitants de l’Archipel doivent à présent se contenter d’un emploi « non-régulier », autrement dit « précaire ». Dans cet article, Hamaguchi Keiichirô, spécialiste de la politique de l’emploi, propose l’adoption d’un système d’« emploi régulier basé sur le poste de travail » en parallèle à celui de l’« emploi à vie » fondé sur l’adhésion à la communauté constituée par l’entreprise, qui n’existe qu’au Japon.

La multiplication rapide des emplois précaires

Dans le système de l’emploi à la japonaise, ceux qui réussissent à se faire embaucher comme « employé permanent » doivent accepter de travailler sans limites de tâche, de nombre d’heures ou de changement de lieu. Mais si leur poste n’a plus de raison d’être, ils peuvent compter sur leur employeur pour leur trouver un autre emploi au sein de l’entreprise. Il y a une vingtaine d’années, ce pacte social entre la main-d’œuvre et le patronat était largement admis par les Japonais et rares étaient ceux qui s’en plaignaient. Mais à partir des années 1990, les entreprises ont commencé à réduire le nombre de leurs employés à vie à une petite élite en recrutant de moins en moins de jeunes. Depuis lors, les nouveaux diplômés, qui jusque-là espéraient trouver un « emploi permanent » au sortir de l’université, doivent bien souvent se rabattre sur des emplois précaires mal payés, avec une sécurité de l’emploi très limitée voire inexistante.

Bien entendu, les emplois précaires existaient déjà avant les années 1990, mais ils se limitaient pour l’essentiel aux travaux à temps partiel effectués par les femmes au foyer désireuses d’arrondir la paye de leur époux et à des emplois temporaires pour les étudiants. Ils n’ont posé aucun problème du point de vue social jusqu’au jour où ils sont devenus la principale source de revenu des jeunes générations. Du fait que le recrutement des employés permanents est pratiquement limité aux nouveaux diplômés de l’année, ceux qui ont obtenu leur diplôme après le début de « l’ère glaciaire de l’emploi » sans réussir à se faire aussitôt embaucher comme « employé à vie » ne trouvent plus ensuite que des « emplois précaires » dans lesquels ils restent confinés même quand ils atteignent l’âge mûr. La situation s’est donc considérablement détériorée. La proportion d’employés précaires dans la population active japonaise est actuellement de près de 40 % alors qu’elle était auparavant inférieure à 20 %.

Pour faire face à ce problème, les autorités ont procédé en août 2012 à un amendement de la Loi sur les contrats de travail stipulant que ceux qui ont travaillé avec un contrat à durée déterminée (CDD) renouvelé sur une période de cinq ans peuvent bénéficier d’un contrat à durée indéterminée (CDI). Mais cela ne veut pas dire pour autant qu’ils deviennent des « employés permanents ». Bien qu’ils soient en CDI, les tâches, le nombre d’heures qu’ils doivent effectuer et leur lieu de travail sont bien définis. De ce point de vue, ils bénéficient du même statut que les travailleurs occidentaux embauchés pour un travail précis.

Suite > De l’« emploi à vie fondé sur l’adhésion » à l’« emploi basé sur le poste de travail »

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