Anguille : un plat très prisé des Japonais menacé par la consommation de masse

Économie Société Gastronomie

Les Japonais sont de grands amateurs d’anguilles, mais les réserves de ce poisson, qu’ils importent à bon marché, sont en train de diminuer rapidement.

La préservation des populations locales d’anguilles constitue la première priorité

Pour parvenir à une exploitation durable des réserves d’anguilles, il importe avant tout de mettre en place des mesures vigoureuses de préservation et de prendre des initiatives pour corriger les dysfonctionnements du marché. Non seulement il est essentiel de réduire nettement les prises de civelles, mais il faut aussi renforcer le contrôle des importations douteuses.

Faute de prendre chez lui les mesures appropriées, le Japon, premier consommateur mondial d’anguilles, ne peut pas espérer obtenir des autres pays qu’ils coopèrent avec lui à la gestion des populations de ce poisson. Et l’effet de ces initiatives restera limité tant que le marché international sera le théâtre de transactions à caractère douteux.

Il ne saurait y avoir de gestion des populations d’anguilles tant que le Japon continuera de fuir les responsabilités qui lui incombent. En mars dernier, le Consortium des réserves d’anguille d’Asie de l’Est, un groupe que préside le professeur Tsukamoto Katsumi, de l’Institut de recherche atmosphérique et océanique de l’Université de Tokyo, et qui compte dans ses rangs des chercheurs et des hommes d’affaires japonais, taïwanais et chinois, a organisé un symposium d’urgence à l’issue duquel a été publiée une déclaration sur la protection et la préservation de l’anguille japonaise qui appelait à la limitation de la pêche des spécimens matures dans les rivières et les zones littorales et à la gestion de la pêche des civelles au niveau national en vue d’établir des statistiques précises.

Les consommateurs et les distributeurs d’anguille portent aussi une lourde part de responsabilité dans la situation actuelle. Suite à l’afflux massif et insoutenable des importations, les anguilles, jadis considérées comme un plat de luxe, sont devenues un article bon marché vendus en grandes quantités dans les supérettes de proximité et les grandes surfaces. Le prix actuel du kilo d’anguille, qui dépasse 2 000 yens, semble élevé par rapport aux chiffres, inférieurs à 900 yens, enregistrés quand le volume des importations avait fait chuter les cours. Mais sachant que dans le passé le kilo d’anguille s’est souvent vendu à 1 800 yens, les prix actuels ne semblent pas particulièrement exorbitants.

Nous devons saisir l’occasion qui nous est offerte pour renoncer au modèle commercial à faibles marges et fort volumes en vigueur pour l’exploitation de l’anguille et revenir à une démarche qui place la qualité au-dessus de la quantité. Faute de cela, les réserves vont continuer de s’épuiser et l’on risque de sombrer dans une spirale descendante qui verra les consommateurs se lasser des anguilles de mauvaise qualité et arrêter d’en acheter, avec pour conséquence une baisse des profits et un affaiblissement de l’ensemble de l’activité. Les réserves d’anguilles risquent de franchir un seuil d’épuisement au-delà duquel elles ne pourront plus se reconstituer et toute l’activité liée à la pêche sera alors condamnée à disparaître. Il est temps que les pêcheurs et les aquaculteurs d’anguilles, les filières de la transformation et de la distribution et, par dessus tout, les consommateurs japonais qui se sont laissés obnubiler par la recherche des petits prix aient un comportement responsable.

(D’après un article en japonais du 11 septembre 2012)

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