L'école au Japon aujourd'hui

Société Culture

Shirota Akihisa [Profil]

Parmi les nouveautés des nouvelles directives pour l'enseignement graduellement mises en place depuis l'année scolaire 2011 figure l'élévation des connaissances fondamentales. Shirota Akihisa, le principal du collège public Wada de l'arrondissement de Suginami à Tokyo, un établissement connu pour ses initiatives innovatrices, nous livre ses réflexions sur l'état du système éducatif au Japon, ainsi que sur l'éducation yutori (non stressante, sans pression) et les nouvelles directives.

La force d'une communauté locale

Un des thèmes importants pour la gestion du collège est la création de liens entre lui, les familles et la communauté où il se trouve.

Dans notre collège, nous pensons qu'une bonne communauté locale fera un bon collège, et que les efforts intenses que tous feront pour créer ce bon collège permettront de réaliser une bonne communauté locale. Nous avons donc lancé il y a huit ans un « centre de la communauté » qui permet aux habitants du secteur de soutenir l'école. Alors qu'aujourd'hui les liens au sein des communautés locales deviennent de plus en plus ténus, nous avons décidé de lancer des activités pour permettre à la population locale de soutenir le collège et d'inclure dans notre gestion du collège toutes les ressources que possèdent le quartier. Tout a commencé par des choses élémentaires : nous avons ouvert la bibliothèque de l'école aux habitants, en leur demandant de jouer le rôle de bibliothécaires, et nous leur avons demandé de prendre soin de nos pelouses. Puis les activités se sont peu à peu élargies : des étudiants qui se destinaient à l'enseignement ont créé des cours du samedi, en anglais et d'autres matières. Le « cours du soir spécial », offert en collaboration avec une société privée, dont les médias ont parlé, fait aussi partie de nos activités locales. Actuellement, près de deux cents élèves viennent tous les samedis au collège pour suivre des cours organisés par le « centre de la communauté ». Grâce à toutes ces initiatives, le collège Wada, qui était il y a sept ans l'un des plus faible des 23 que compte l'arrondissement de Suginami n'a cessé de s'améliorer, et depuis l'an dernier, il est un des plus forts de l'arrondissement qui est bien classé dans la préfecture de Tokyo. (Diagramme 2)

Il ne faut pas à mon avis, faire trop grand cas de cette enquête sur le niveau de connaissances de nos élèves, car déterminer ce qui l'a fait progresser est plutôt difficile. Mais il va sans dire que nous n'aurions pas eu ces résultats sans la réforme des cours, et sans les activités éducatives que sont le respect des règles de politesse au sein de l'école, une bonne coordination avec les familles pour garantir que les élèves se couchent tôt, se lèvent tôt, et prennent un bon petit-déjeuner, et une bonne communication entre le collège et la communauté locale.

Les forces et les faiblesses du système éducatif japonais, telles qu'elles sont apparues après le séisme et le tsunami

Après le séisme, les médias étrangers ont chanté les louanges de la conscience collective des Japonais, ou de leur sens du devoir. A cet égard, le système éducatif japonais tel qu'il a été a montré ce qu'il savait produire.

Les dirigeants politiques et économiques, quant à eux, sont souvent critiqués pour leurs comportements indécis, mais il faut considérer que la question ne concerne pas seulement certains d'entre eux, mais aussi nous-mêmes, car elle porte sur les orientations futures de la société. Si ce sens de responsabilité manque chez les Japonais, ne serait-ce pas la faute de l’éducation ?

Nous devons veiller à ne pas reproduire avec les nouvelles directives pour l'enseignement l'écart constaté dans le cas de l'enseignement yutori, sans pression, entre l'idéal de la politique nationale et la réalité des établissement d'enseignements. Pour ne pas répéter les mêmes erreurs, ce qui compte d'abord est « l'aptitude à penser indépendamment » qui sache inclure à la fois les politiciens et les écoles, la force qui permettra aux enfants de prendre leur indépendance dans la société de demain.

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Shirota AkihisaArticles de l'auteur

Shirota Akihisa est né en 1965 dans la préfecture de Nagano. Il termine en 1990 ses études à la faculté d'économie de l'université Keiô, et entre dans la société Recruit Co., où il lance le projet d'une entreprise offrant des services éducatifs aux étudiants. Ce projet aboutira à la création de la Recruit Business School. Il quitte ensuite Recruit et crée sa propre société, Top Athlete. En 2005, en collaboration avec une maison d'édition Gentōsha, il s'occupe du site officiel de « Jusan sai harō waaku » (Guide de l'emploi pour les 13 ans), créé par l'écrivain Murakami Ryu. Le site porte le nom d'un livre dans lequel Murakami explique le monde du travail aux jeunes adolescents, un énorme succès aujourd'hui étudié dans de nombreux collèges et lycées au Japon.

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