Une des premières histoires de père Noël au Japon : « Santa Kurô »
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En 1900, Shindô Nobuyoshi publiait l’un des premiers livres dans lequel apparaissait le père Noël au Japon, intitulé Santa Kurô. C’est ainsi que les Japonais appellent le père Noël (« Santa Kurô » vient de l’anglais « Santa Klaus »). Son histoire simple et son thème profondément chrétien contrastent avec la célébration essentiellement laïque de Noël aujourd’hui et offrent une perspective fascinante sur la façon dont cette fête était initialement célébrée dans le pays, ainsi que sur la vie rurale à l’époque Meiji (1868-1912).
Un sauvetage hivernal
Le conte s’ouvre sur une soirée enneigée chez les Hayashi dans les montagnes de la préfecture de Nagano. La famille de trois chrétiens dévoués, le père, la mère et le fils Mineichi, âgé de huit ans, est assise autour du foyer à bavarder et à rire. Mais cette chaleureuse scène prend une tournure soudaine et inattendue lorsque Buchi, le chien de la famille, dépose un chapeau aux pieds du garçon.
Le père, comprenant par conséquent qu’une personne est en danger, prépare un traîneau. Accompagné de son fils Mineichi, il décide de suivre le chien Buchi dans l’obscurité orageuse. C’est alors qu’ils trouvent un voyageur inconscient recouvert par une épaisse couche de neige. Ils emmènent l’inconnu transi de froid chez eux et la mère, dévouée corps et âme, s’active à brûler de la paille dans le foyer pour le réchauffer. Après plusieurs moments d’angoisse, quand tout semble perdu, le vagabond ouvre enfin les yeux.
Le voyageur s’appelle Iguchi Gohei. C’est un agriculteur de 50 ans qui vient d’un village lointain. Après s’être réjouis de la guérison miraculeuse de l’homme, les Hayashi partagent leurs croyances religieuses avec leur nouvel ami. Celui-ci, qui est un adepte du shintoïsme, est abasourdi par ce qu’il entend et prend peur, sentant son bien-être spirituel menacé. Après trois jours de convalescence, il remercie chaleureusement ses sauveteurs et rentre chez lui.
Sauvé par un miracle de Noël
Le printemps arrive et la vie suit son cours de la meilleure des manières pour la famille Hayashi : le père laboure les champs, la mère s’occupe des vers à soie et Mineichi étudie assidument. Le cours de leur existence prend cependant une tournure soudaine et tragique lorsque le père tombe mystérieusement malade. Ils appellent un médecin, puis un prêtre, puis un autre médecin, mais son état ne fait que s’aggraver. Les saisons passent sans aucun espoir de guérison lorsqu’enfin, à mesure que l’automne se poursuit, le père revient des portes de la mort, miraculeusement guéri, laissant la place aux larmes de joie, y compris du prêtre.
Cependant, les sourires se changent rapidement en grimaces, lorsqu’ils réalisent que les champs n’ont pas été plantés cette année et que la famille se retrouve alors sans argent ni nourriture pour l’hiver suivant. Mais au-delà de ces inquiétudes, un fait encore plus déchirant : le petit Mineichi n’aurait pas de cadeau de Noël cette année-là…
C’est alors qu’à la veille de Noël, Gohei, l’agriculteur égaré que les Hayashi avait accueilli, revient, les bras chargés de trois grands sacs de cadeaux et de deux grosses besaces de riz. Tous ces présents n’étaient pas transportés par des rennes mais par 45 jeunes hommes très costauds. Dans la hotte de ce père Noël de substitution se trouvaient des vêtements, des livres et même de l’argent. C’est ainsi que Noël redevient Noël, pour la plus grande joie de chacun des membres de la famille.
Mineichi s’endort encore au comble de l’excitation. Mais comme beaucoup d’enfants le matin de Noël, il se réveille aux premières lueurs de l’aube. Et, à sa plus grande stupéfaction, il trouve son lit entouré de cadeaux. En hâte, il tente en vain de réveiller sa mère, qui refuse catégoriquement de sortir du lit, fatiguée après tant d’épreuves. Mineichi a plus de chance avec son père et le convainc de lire le message trouvé avec ses cadeaux.
« Voici ces cadeaux pour avoir suivi les enseignements de Dieu et aidé votre père à sauver la vie de ce voyageur. Bravo, mon garçon. »Le vieil homme du nord,
Santa Kurô
L’histoire se termine avec Mineichi montrant ses nombreux cadeaux à ses amis, une autre tradition bien connue des enfants aujourd’hui. Avec le retour de la paix et de la prospérité, la cloche de la petite église du village sonne et les voix des voisins qui chantent des chansons de Noël se font entendre au loin. Dans une salve d’applaudissements générale, tout le monde entonne la chanson : « Vive Noël ! Vive l’École du dimanche ! Et vive le père Noël ! »
(Article écrit à l’origine en anglais. Santa Kurô peut être lu en ligne sur le site Web de la Bibliothèque nationale de la Diète.)