Les petits monts Fuji de Tokyo

Culture Tourisme

Dès l’époque d’Edo, des groupes religieux syncrétiques connus sous le nom de Fujikô ont construit des répliques à petite échelle du mont Fuji pour leurs membres qui ne pouvaient pas faire le pèlerinage au sommet iconique de l’Archipel. Un grand nombre de ces monticules appelés fujizuka existent toujours et peuvent être admirés ici et là dans la région métropolitaine de Tokyo.

Recréer le mont Fuji

Les fujizuka, en général affiliés au Fujisan Hongû Sengen Taisha, le principal sanctuaire du mont Fuji, sont ornés de répliques de monuments, statues et autres objets de culte. Certains reproduisent même des paysages bien connus, comme le cratère de la montagne et les grottes de lave Otainai, où les femmes enceintes adeptes du Fujikô allaient prier pour le bon déroulement de leur accouchement.

Le mouvement Fujikô a généralement construit ces monts miniatures en empilant des rochers et de la terre, avec pour touche finale des pierres volcaniques de couleur rouille rapportées du mont Fuji. Certains tirent parti de la topographie des lieux, comme le Fuji de Komagome et celui de Jûjô, érigés au sommet de monticules funéraires préhistoriques. Ces deux fujizuka auraient d’abord été des sanctuaires, construits respectivement en 1629 et 1766, transformés plus tard en mini Fuji.

Même si le mouvement Fujikô n’est plus actif aujourd’hui, un grand nombre de fujizuka conservent leur statut emblématique et sont mis à l’honneur dans diverses fêtes de quartier tout au long de l’année. Le plus important de ces événements est la célébration de yamabiraki, le début officiel de la saison d’escalade du vrai mont Fuji, à la fin juin ou au début juillet. À cette période de l’année, plusieurs monticules parmi les plus anciens, en particulier ceux protégés en tant que biens culturels importants, lèvent temporairement l’interdiction faite de les escalader pour permettre aux passionnés de gravir ces sommets anciens.

Une statue de Jikigyô Miroku, un des premiers chefs de l’une des deux branches du groupe Fujikô.

L’inscription du mont Fuji sur la liste du patrimoine mondial en 2013 a ravivé l’intérêt pour ces répliques miniatures, si bien qu’un grand nombre de communautés ont pris des mesures pour préserver les petits Fuji locaux laissés à l’abandon. En 2015, la ville de Fuji a entrepris des fouilles archéologiques sur le site du Fuji de Suzukawa, seul fujizuka de la préfecture de Shizuoka encore existant. Un autre exemple est celui du Tagoyama, dont les marches et d’autres parties ont été reconstruites début 2016 par des bénévoles de la ville de Shiki, dans la préfecture de Saitama, permettant pour la première fois depuis 30 ans aux randonneurs d’y accéder.

Même si l’ascension d’un fujizuka ne procure pas le même frisson que celle de la vraie montagne, les mini Fuji ont un charme bien à eux. Vu la foule de passionnés qui arpentent les flancs du mont Fuji, certains pourraient préférer conquérir l’un des petits Fuji de Tokyo et aller ensuite prendre un café ou manger un morceau.

Les portes du fujizuka Shitaya-Sakamoto sont ouvertes pendant plusieurs jours chaque année pour célébrer le début de la saison officielle d’escalade du mont Fuji.

(Photo de titre : fujizuka Shitaya-Sakamoto lors de la célébration de yamabiraki, le début officiel de la saison d’escalade du vrai mont Fuji)

Tags

tourisme Tokyo Mont Fuji

Autres articles de ce dossier